Paroisse Saint-Bruno-les-Chartreux

Le regard d'une «Amie de Jésus-Marie de Fourvière.» Le regard d'une paroissienne de Saint-Bruno-les-Chartreux.


SAINTE CLAUDINE: Le regard des Amis de Jésus-Marie de Fourvière.

Ce texte a été écrit parYvette Durand-Carrier, présidente de l'Association des Anciens, Anciennes élèves Amis de Jésus Marie de Fourvière, est l'auteur de la brochure : "d'une colline à l'autre" dont est tiré le résumé ci contre de la vie de Sainte Claudine.
Cette association recherche des élèves des années 1940 à 1965 (date de fermeture de l'école).
On peut adhérer en tant qu' Ami, simplement attiré par le charisme de la Fondatrice de la Congrégation des Religieuses de Jésus-Marie.
Renseignements et inscriptions auprès de Yvette Durand (email : durand.yvette@yahoo.fr).

sainte Claudine

L’histoire de Lyon jalonnée d’évènements politiques graves qui agitèrent parfois violemment notre pays durant ces périodes troublées que furent la Révolution, l’Epoque Napoléonienne et les Révolutions ouvrières lyonnaises, influencèrent directement la vie de Claudine Thévenet et celle de ses proches.

Née à Lyon le 30 mars 1774, Claudine grandit paisiblement dans une famille nombreuse très chrétienne jusqu’en 1782, où elle entre pensionnaire à l’abbaye St Pierre ; dont elle ne sortira qu’en 1789 ; elle a quinze ans.

Après l’arrestation de Louis XVI, tout se succède rapidement jusqu’au soulèvement de Lyon avec la levée de volontaires où Louis- Antoine et François-Marie, frères de Claudine s’engagent. Viennent le Siège de la ville, le Blocus et la Capitulation le 9 octobre 1793, suivis par une violente répression. Dénoncés, ses frères sont arrêtés et condamnés à mort. Claudine assiste impuissante à leur exécution où, comble de l’horreur, ils sont achevés à coup de crosse et de sabre.

De telles visions marquèrent à jamais Claudine. Or, dans la dernière lettre qu’ils adressèrent à leur famille, tous deux ont demandé le pardon pour leurs bourreaux, sans chercher à se venger. Par la suite, il eut pourtant été possible d’obtenir réparation auprès des tribunaux contre le dénonciateur ; mais les Thévenet n’en firent rien et la famille pardonna !

Mais comment oublier ! Claudine qui porte maintenant dans sa chair, la mémoire vivante des atrocités vécues : un tremblement nerveux de la tête et une respiration pénible. Pour trouver l’oubli, que fait-elle ?

Dès 1809, Claudine est déjà bien connue dans la paroisse de St Bruno pour son dévouement et sa grande charité. Fin 1815, elle recueille deux petites filles trouvées dans la rue par le Père André Coindre – qui aura une influence déterminante sur son avenir – ce dernier ayant reconnu les qualités exceptionnelles de Claudine, la pousse à créer, aidée de quelques personnes dévouées une « Providence » à la Croix-Rousse où elles hébergent et éduquent des enfants à l’abandon ; car la misère est grande à cette époque. Educatrice et gestionnaire née, aidée du Père Coindre, elle met en place les bases de son œuvre future !

En 1820, elle fait l’acquisition d’une vaste propriété sise sur la colline de Fourvière. Avec des aides et des emprunts, elle y installe un atelier de tissage de la soie – une véritable école professionnelle avant l’heure et un foyer pour les orphelines envers qui elle se dévouera toute sa vie sans compter, ne refusant jamais l’admission d’une petite « nouvelle ». Ces enfants apprendront au fil des années un métier et recevront une bonne éducation. En 1821, en rajoutant un étage, elle ouvrira un pensionnat pour les jeunes filles de la classe aisée ; ce qui lui permettra de faire vivre toute la communauté ; car sans le vouloir, Claudine est devenue une « Fondatrice de Congrégation », sans obtenir pour cela l’approbation officielle de l’autorité ecclésiastique.

La bonne renommée de l’école de Fourvière et de sa supérieure lui apporte alors plusieurs propositions : reprendre un pensionnat à Belleville s/Saône, ouvrir une école à Monistrol s/Loire – où ses amies de la première heure et elle, purent enfin prononcer leurs vœux en 1823 – et une autre au Puy en Velay. Devenue Mère St Ignace, elle dirige avec compétence ces établissements. Mais, en 1826, la mort tragique du Père Coindre la laisse en proie à beaucoup de difficultés. C’est le début de tracasseries multiples émanant d’un vicaire de l’archidiocèse de Lyon, mettant en danger les fondements de son œuvre ; elle s’y oppose avec une résistance silencieuse et obstinée.

Fourvière était devenu un grand atelier de soierie, reconnu dans la profession ; les émeutes ouvrières lyonnaises de 1831, 1834 et 1836 mettent parfois l’école en difficulté ; tantôt bombardée par les émeutiers, tantôt occupée par l’Armée qui s’installa plusieurs semaines chez les religieuses.

Elle fit face avec courage et détermination à ces situations mais cette dernière épreuve affaiblit sa santé déjà très ébranlée : crise de migraines incessantes et de violents maux d’estomac qui l’empêchaient de se nourrir normalement, rien ne l’empêcha cependant d’être chaque jour à la hauteur de sa tâche harassante ; car rien n’altéra jamais sa foi et son courage. Mais les souffrances physiques de la fin de sa vie ne furent pas pour elle les plus graves ; aux problèmes rencontrés avec le supérieur canonique de sa congrégation, vint s’ajouter le remplacement de l’aumônier par un abbé qui s’érigea en maître, l’accablant de reproches amers et de continuelles divergences sur les objectifs et les moyens de diriger la congrégation, qui assombrirent considérablement la fin de sa vie. Allant même, devant toute la communauté réunie, au moment de lui donner l’Extrême-onction, de lui dire ces paroles d’une grande dureté : « Vous avez reçu des grâces pour convertir un royaume entier, qu’en avez-vous fait ? Vous êtes un obstacle au progrès de votre congrégation ! Que répondrez-vous à Dieu qui demandera des comptes de tout ?

Elle rend le dernier soupir le vendredi 3 février 1837 à 15 heures.

Comme en réponse à ces questions posées par l’aumônier, la Congrégation prit son envol par la création d’une première « mission » en Inde en 1842. Suivirent au 19ème siècle : Remiremont, Rodez, l’Espagne, le Canada, l’Angleterre, les Etats-Unis, l’Italie, la Suisse et l’Autriche.

Canonisée le 21 mars 1993, Claudine Thévenet qui reste peu connue des Lyonnais n’est peut-être pas au sens propre du terme « une Missionnaire » mais son charisme, son courage et sa grande spiritualité ont marqué profondément celles qui l’ont connue et qui lui succédèrent, et malgré les guerres et la séparation de l’Eglise et de l’Etat au début du 20ème siècle, elle ont, par les mêmes qualités que leur fondatrice, fait fructifier son héritage et propulsé Jésus-Marie au delà des frontières.

En 2007, la Congrégation compte encore près de mille cinq cent religieuses de Jésus-Marie dans le monde, parfois aidées par des laïques ; elles se dévouent inlassablement comme Claudine Thévenet aux soins et à l’éducation de la jeunesse.


Yvette Durand-Carrier



SAINTE CLAUDINE: Le regard d'une paroissienne de Saint-Bruno.

Ce texte a été écrit par Marie-Claude Dumont, paroissienne de Saint-Bruno et présidente de l'association Église Saint-Bruno Splendeur du Baroque, à l'occasion de la journée de la Vie Consacrée, le dimanche 2 février 2020.

Le 3 février est la fête de Sainte Claudine THÉVENET qui, paroissienne de Saint-Bruno, compte parmi les fondateurs et fondatrices des 4 ordres religieux qui virent le jour dans et autour du grand cloître de l'ancienne chartreuse autour de 1820, avec l'appui de prêtres installés «aux Chartreux». Il a paru intéressant de rappeler les grandes étapes de la vie de Claudine THÉVENET.

Claudine THÉVENET naît en 1774; son Père est négociant jusqu'à la faillite de son entreprise dans les années 1780. La famille compte 7 enfants.

En 1793, deux de ses frères sont fusillés dans la plaine des Brotteaux après le siège de Lyon par les troupes de la Convention. L'un d'eux lui déclare lors de leur dernière entrevue: «il faut pardonner».

Claudine Thévenet, quoiqu'habitant sur la colline de Fourvière, fréquente la paroisse Saint-Bruno. L'Abbé COINDRE, vicaire de la paroisse, lui remet en décembre 1815 deux petites filles, abandonnées près de Saint-Nizier, qu'elle prend chez elle dans un premier temps puis confie à son amie Marie CHIRAT, laquelle vit avec Adèle DUPERRIER dans la troisième cellule sud du grand cloître. Les religieuses de Saint-Joseph toutes proches sont sollicitées et délèguent Sœur Sainte-Clotilde (Marie MARQUET), puis une seconde religieuse, pour assurer une présence de nuit car, en quelques semaines, ce sont sept fillettes qui ont été installées dans la cellule, devenue officieusement le premier emplacement de la Providence du Sacré-Cœur et de Saint-Bruno*. Un petit atelier de couture est mis en place. (*Providence est le nom donné aux institutions de bienfaisance créées pour recueillir les enfants pauvres ou abandonnés afin de leur donner une formation chrétienne et un métier; selon un modèle créé par les religieuses trinitaires avant la Révolution française.)

Par ailleurs en 1816, le Père Coindre fonde, avec Claudine THÉVENET, la «Pieuse Union du Sacré-Cœur de Jésus», association spirituelle et caritative de dames de la paroisse qui décident d'adopter en 1817 la Providence, jusque là œuvre privée de Claudine THÉVENET et de Marie Chirat. En 1818, la cellule étant trop petite, la Providence déménage au 1-3 rue des Pierres plantées où une ouvrière en soie apprend le métier aux enfants.

Vous pouvez, à l'occasion, jeter un coup d'œil à l'immeuble dont l'allée est toujours ouverte jusqu'à la grille de la cour intérieure.

Le 31 juillet 1818, devant le Père Coindre et dans la salle capitulaire de l'ancienne chartreuse, douze membres de la Pieuse Union prennent l'engagement formel de mener une vie communautaire. Ainsi le 6 octobre 1818*, Claudine THÉVENET quitte le domicile familial pour s'installer dans la Providence de la rue des Pierres-Plantées; c'est ce que les Religieuses de Jésus-Marie considèrent comme l'acte de leur fondation *.

Le nouvel établissement devenant à son tour trop petit, grâce à l'aide financière de Catherine LAPORTE, Claudine Thévenet achète en 1820 au frère de Pauline-Marie JARICOT, membre de la Pieuse Union, la maison dite de «L'Angélique» à Fourvière. Le domaine tient son nom de Nicolas de Lange, échevin qui en fut propriétaire. Les 23 fillettes et les 13 membres de la Communauté s'y installent.

Sur le tableau représentant la Chartreuse de Lyon au XVIIIème siècle, vous pouvez voir cette grosse maison en face du vieux sanctuaire de Fourvière.

En 1823, le Père Coindre est habilité à recevoir les vœux monastiques des membres de la communauté qui le souhaitent. Règle et costume sont mis au point. Claudine est élue Supérieure Générale, Mère Marie-Saint-Ignace. La Communauté prend le nom de "Dames des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie", simplifié ensuite en «Dames de Jésus et Marie».

Claudine Thévenet poursuit sa mission malgré des difficultés. Elle agrandit «L'Angélique» et la dote d'une chapelle dont la construction commence en 1832 tandis que le nombre des jeunes filles accueillies s'accroît.

Claudine Thévenet meurt en 1837. Ses dernières paroles: «que le Bon Dieu est bon!».

Les religieuses de Jésus-Marie sont présentes aujourd'hui sur tous les continents et poursuivent leur mission d'éducation auprès des enfants défavorisés.

Claudine Thévenet a été béatifiée en 1981; un groupe de paroissiens, sous la conduite du Père Blanc de la Fontaine, assista à la cérémonie au Vatican.
Le 21 mars 1993, Claudine Thévenet a été canonisée par le Pape Jean-Paul II. La salle capitulaire de l'ancienne chartreuse porte depuis lors le nom de chapelle Sainte-Claudine.

Pendant tout l'été 2018, à l'occasion du bicentenaire de la création de l'Ordre, nous avons eu le plaisir d'accueillir des groupes venus à Lyon découvrir les lieux de leur fondatrice et de leur fondation. Parmi eux, des Américains, des Africains, des Indiens, des Pakistanais; au total environ 700 représentants de la «famille Jésus-Marie», religieuses et jeunes, se sont recueillis dans l'église Saint-Bruno et dans la chapelle Sainte-Claudine.

* Remarquer que le 6 octobre correspond à la fête de Saint Bruno; ce n'est certainement pas un hasard.

Marie-Claude Dumont
Paroissienne de Saint-Bruno
Présidente de l'Association Saint-Bruno Splendeur du Baroque



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