Le père Matteo, notre curé.

Chers amis paroissiens, veuillez trouver ci-joint le bulletin de ce dimanche 14 décembre. La messe sera animée par la Maîtrise des Chartreux dirigée par M. Robert Hillebrant, maître de Chapelle de l'Institution des Chartreux. La même Maîtrise donnera un concert ce dimanche 14 décembre à 17h à l'Eglise saint Bruno.
Le jeudi 18 décembre, le réseau vie jeune du diocèse de Lyon organise pour les étudiants et jeunes pros, une conférence de Maître Olivia Sarton à l'Espace Saint Ignace 20, rue Sala sur le thème "L'infertilité : la PMA est-elle la seule solution". Pour plus d'information, voir le Flyer joint.
Enfin, pour la nuit la plus longue, la fête de Yalda, le quatuor Rokh, un des meilleurs interprètes actuels de la musique classique persane, revient à Lyon, le 20 décembre à 20h. La paroisse Saint-Bruno aura la joie de les accueillir une nouvelle fois pour partager cette heure rituelle en musique. L'entrée se fera au 9 impasse des Chartreux - 69001, Lyon.
En guise d'avant-goût, vous pourrez entendre le quatuor sur France musique, ce même 20 décembre, à 14h, dans l'émission Planète Ocora animée par Aliette de Laleu.
Une billetterie est en ligne à cette adresse : www.billetweb.fr/yalda-avec-quatuor-rokh
Très amicalement, père Matteo













3.
Ce sauveur devant donc bientôt se faire voir aux hommes dans l'état de son humiliation, fit en même temps paraître la grandeur de sa majesté. Car il obligea le plus grand prince qui fût sur la terre, d'être ministre de ses volontés, lorsqu'il s'imaginait agir par une puissance souveraine, et qu'il ne songeait qu'à satisfaire son ambition et son avarice.
Ainsi parce que le Seigneur voulait naître à Bethléem, d'où la famille de David tirait son origine, et que les prophètes l'avait prédit, l'Empereur Auguste ordonna qu'on ferait un dénombrement de toutes les personnes qui reconnaissaient son autorité : ce qui obligeant tous les Juifs à se rendre dans le lieu dont leur famille était orginaire, Joseph s'en alla avec la Sainte Vierge à Bethléem qui était la ville de David.
3-4.
Saint Ambroise remarque que ce dénombrement était une figure de celui des élus de Dieu qui devaient donner leurs noms, et se reconnaître sujets non d'un prince de la terre, mais du Roi du ciel ; non pour avoir les bornes de leurs héritages, mais pour posséder un héritage sans bornes ; non pour payer avec regret quelque argent à un empereur, mais pour rendre à Dieu le tribut d'une foi et d'une vertu sincères, et nous exempter de payer aux démons le tribut des péchés que la tyrannie exige de nous. Jésus-Christ voulut lui-même être compris dans ce dénombrement universel, pour s'unir davantage à nous, et nous sanctifiier pour la part qu'il prenait à cette marque de servitude.
Bethléem est qualifiée tantôt la ville de David, et tantôt un bourg ou un village. Elle n'était qu'environ à deux lieux de Jérusalem. Ce fut en ce lieu si petit et si considérable que Jésus-Christ voulut naître, soit dans le bourg même, soit tout auprès : et pour confondre davantage l'orgueil de l'homme, il permit que quand Joseph et Marie y arrivèrent, ils ne trouvèrent point de place à l'hôtellerie, à cause que le dénombrement avait obligé beaucoup d'autres personnes de venir aussi à Bethléem. Ainsi selon la tradition de plusieurs Pères qui ont vécu dans la Palestine, et de divers autres, ils furent obligés de se mettre dans une caverne qui servait apparemment d'étable à l'hôtellerie. Car on remaque que Bethléem était bâtie sur une montagne pleine de roches, dans lesquelles on avait creusé plusieurs maisons. Cette caverne devint depuis fort célèbre, non seulement lorsque les Chrétiens eurent la liberté de l'honorer avec les respects que leur piété leur suggérait : mais même parmi les païens lorsqu'ils persécutaient encore l'Église, et qu'ils s'efforçaient de souiller la sainteté de ce lieu par les idoles qu'ils y adoraient. Ceux du lieu la montraient à ceux des pays étrangers qui la venaient voir, avec la crèche qui avait servi de berceau au Dieu des Chrétiens.
4-5.
Le Seigneur voulut donc naître dans cette caverne si méprisable aux yeux des hommes : et il y naquit aussitôt que la Vierge et saint Joseph furent arrivés à Bethléem, pour montrer que c'était là la véritable raison de leur voyage. Il naquit vers le milieu de la nuit du 25 décembre, selon l'ancienne tradition de l'Église, particulièrement de la latine : et l'opinion la plus commune est que ça a été dans l'an 749 de la fondation de Rome, lorsque Auguste achevait son XIIème Consulat, ayant Lucius Sylla pour collègue. Selon la manière que nous contons aujourd'hui les années de Jésus-Christ, il ne serait né que quatre ans après. La Sainte Vierge l'emmaillota elle même, n'ayant point eu besoin des secours ordinaires, parce qu'elle enfantait un Dieu, sans rien perdre des privilèges de sa virginité. Elle n'eut point d'autre lieu pour le mettre, que la crèche ou l'auge de cette étable, afin qu'il y fût la nourriture de ceux dont toute la gloire est d'être aussi soumis à Dieu, que les animaux le sont à l'homme.
Dieu voulut que des bergers qui veillaient durant la nuit à la campagne, en un lieu que l'on appelait la tour d'Ader, reçussent les premiers par le ministère d'un Ange, la nouvelle de la naissance du Sauveur. Ils se hâtèrent d'aller voir la vérité de ce que l'Ange leur avait dit, parce qu'on ne doit point chercher Jésus-Christ avec froideur. La bassesse dans laquelle ils le trouvèrent ne les suprit point. Ils louèrent Dieu de ce qu'ils avaient vu et entendu, et remplirent d'admiration ceux à qui ils en parlèrent. La Vierge ne refusa point d'apprendre d'eux ceux qu'ils avaient appris de l'Ange : elle le conserva dans son cœur ; gardant toujours au dehors un humble silence, pour montrer que sa bouche n'était pas moins chaste que son corps, et observer les règles de saint Paul sans les avoir apprises de lui.
Le huitième jour étant arrivé, l'enfant fut circoncis, se soumettant à la loi pour racheter ceux qui étaient sous la loi. Mais il reçut en même temps le nom de JÉSUS, sous lequel tout genou fléchit au ciel, sur la terre, et dans les enfers. Ce jour commençait, comme nous croyons, la 42ème année Julienne, en laquelle Calvitius Sabinus, et Passienus Rufus étaient Consuls. Ainsi Jésus-Christ se consacra par les prémices de son sang ce premier jour de l'année, que le démon avait tâché de s'attribuer par les superstitions et les dissolutions dont les païens se profanaient.
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Il suffit pour faire l'éloge de saint Joseph, de dire qu'il a été l'époux de la sainte Vierge, et en un sens très véritable le père du Sauveur du monde. Mais saint Matthieu en fait encore un plus grand éloge en nous assurant qu'il était juste. Et on sait quelle différence il y a entre être juste selon l'opinion des hommes, et l'être selon la vérité de l'Évangile. Ainsi l'Écriture en nous assurant que Joseph était juste, nous assure qu'il possédait toutes les vertus. Nous le verrons par la suite, où nous remarquerons particulièrement sa bonté, sa douceur, la fermeté de sa foi, et son humble soumission aux ordres de Dieu.
Deux Évangélistes ont pris soin de faire sa généalogie, et de nous apprendre comment il était descendu d'Abraham et de David. Ils le font sortir du dernier par deux branches différentes : ce qui forme une difficulté célèbre, que Dieu a permise comme quelques autres de cette nature, pour exercer ceux qui l'examineront avec une piété humble, et pour aveugler ceux qui méritent ce châtiment par leur orgueil. L'opinion la plus commune parmi les Pères, est qu'il était né de Jacob descendu de David par Salomon, et tous les autres Rois de Juda ; et fils, selon la loi, d'Héli descendu de Nathan fils de David et de Bethsabée aussi bien que Salomon. Jacob ayant épousé la veuve d'Héli son frère de mère, qui était mort sans enfants.
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Quoiqu'il fût d'une race illustre, dont quelques modernes veulent même qu'il fût le chef et le principal héritier, il était néanmoins réduit à gagner sa vie par le travail de ses mains dans la ville de Nazareth en Galilée de la tribu de Zabulon : c'est celle que d'autres appellent le bourg de Nazareth. Il travaillait à faire des charrues, à abattre et à tailler des arbres, à bâtir des maisons, et à d'autres ouvrages semblables. Il ne laissait pas d'être connu à Capharnaüm, et en d'autres endroits de la Galilée, assez éloignés de Nazareth.
Beaucoup d'anciens, et même des principaux Pères, on cru qu'avant d'épouser la sainte Vierge, il avait eu une première femme nommée Esca par quelques-uns, et qu'il en avait eu saint Jacques le Mineur et les autres que l'Évangile appelle les frères du Seigneur. Mais cette opinion, qui vient originairement de quelques écrits apocryphes, est difficile à accorder avec l'Évangile sur lequel on prétend la fonder. C'est pourquoi saint Jérôme soutient que Joseph est demeuré vierge, c'est-à-dire comme on le voit par la suite, qu'on n'a point de preuve qu'il ne l'ait pas toujours été, comme il est certain qu'il l'a été à l'égard de la sainte Vierge. La manière dont il a vécu avec elle est une preuve au moins qu'il possédait avec éminence la vertu de la chasteté, et donne lieu de juger que s'il avait auparavant usé du mariage, il en avait usé comme saint Augustin le dit des anciens Patriarches, non en esclave, mais en maître des passions soumises à la raison, par une vertu dont plusieurs mêmes de ceux qui vivent dans la continence, ne sont pas capables.
Le temps auquel le sauveur du monde devait paraître, approchant, Joseph fut choisi de Dieu pour être l'époux de celle qui en devait être la mère, pour être le gardien de son honneur, et le témoin de sa chasteté, et le père du fruit sacré qui devait naître d'elle seule. Il fallait que ce mariage fût entièrement chaste : et il n'en était pas moins un véritable mariage, comme saint Augustin l'a soutenu contre les Pélagiens, puisque selon les jurisconsultes mêmes, c'est le consentement des parties qui fait le mariage, et non ce qu'on appelle la conformation.
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On trouve en effet dans cette union toute chaste de Joseph et de Marie, tous les biens qui doivent se rencontrer dans le mariage. La foi a été inviolablement gardée de part et d'autre ; le sacrement s'y est trouvé, parce que leur union a été indissoluble : la liaison des cœurs l'a rendu plus ferme que l'union des corps ne fait les autres mariages : il a eu même l'avantage de la fécondité, et nous a donné non un enfant ordinaire, mais un enfant qui était Dieu. Car la sainte Vierge même, et l'Évangéliste, appellent joseph le père de Jésus : ce qu'ils ne feraient pas s'il ne l'eût été en un sens très véritable, comme étant le véritable mari de celle de laquelle seule il avait tiré naissance, mais pour appartenir à tous les deux.
Comme dans le mariage la principale personne est celle du mari ; les Évangélistes ayant à marquer la généalogie de Jésus-Christ, ils ont pu, et même ils ont dû, dit saint Augustin, la prendre du côté de saint Joseph, comme ils l'ont fait effectivement, puisqu'il était descendu de David aussi bien que la sainte Vierge. Aussi il était plus le père de Jésus-Christ en cette manière, que s'il l'eût tiré d'une autre famille pour le faire entrer dans la sienne par une adoption solennelle. De sorte que quand même la Vierge n'eût pas été de la famille de David, ce qui était nécessaire pour accomplir les prophéties, il suffisait que saint Joseph en fût, pour dire que Jésus-Christ était comme lui le fils de David. Car même les enfants adoptifs entrent dans la famille de celui qui les adopte, et succèdent à tous ses droits. C'est aussi une opinion fort commune parmi les interprêtes anciens et nouveaux, que la sainte Vierge n'avait point de frère ; et qu'ainsi étant héritière de sa maison, elle avait épousé saint Joseph comme son plus proche parent : de sorte que la généalogie de l'un est aussi la généalogie de l'autre.
On a voulu établir depuis un siècle ou deux une fête du mariage de saint Joseph et de la Vierge, et on l'a fait en quelques endroits en différents jours.
Le Saint-Esprit ne voulut pas découvrir d'abord à saint Joseph le mystère qu'il avait opéré dans la Vierge. Il attendit qu'il s'aperçût de lui-même qu'elle était grosse, lorsqu'après avoir passé trois mois chez sainte Élisabeth sa cousine, elle fut revenue chez lui. Il en fut fort surpris ; et sachant de quelle manière il avait vécu avec elle, il ne put croire autre chose, parce qu'il était homme, sinon qu'elle avait cessé d'être vierge, et qu'elle était coupable d'un aussi grand crime qu'est l'adultère. Dieu le permettait ainsi, afin que son soupçon même nous fût une preuve de la pureté de la Vierge.
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Il ne crut pas qu'il lui fût permis de retenir chez lui une personne coupable de cette faute, de peur qu'il ne semblât y consentir et l'approuver. La loi lui permettait de la mettre en justice, et de satisfaire, en la faisant condamner à la mort, une colère aussi violente, qui paraît aussi juste, que celle d'un mari à qui on a manqué de foi. Mais l'Évangile, écrit dans son cœur avant que de l'être sur le papier, ordonne de pardonner à ceux qui nous ont offensé. Et c'est ce que fait Joseph, parce qu'il était juste, c'est-à-dire plein de bonté, plus prêt à s'accuser lui-même qu'à accuser les autres, aimant mieux passer pour être trop doux que d'être sévère envers les fautes des autres. Il surmonta tout l'effort de sa douleur. Il chercha non à se venger de celle qu'il croyait avoir offensé, mais à travailler pour elle.
Ainsi non seulement il ne la voulut pas faire condamner, mais il tâcha même à ne pas la diffamer, comme il eût fait, s'il l'eût chassée publiquement de chez lui ; et il se résolut de la quitter secrètement ; Nous apprenant que quand on fait secrètement quelque faute contre nous, la charité que nous devons à notre frère nous oblige à l'en avertir en particulier, et à ne pas rendre sa faute publique, ce qui serait chercher à le déshonorer, et non pas à le corriger. En attendant même qu'il la pût quitter, il ne lui fit aucun reproche, dit saint Chrysostome, ne lui dit aucune parole rude : et s'efforça même de faire qu'elle ne s'aperçût pas de la peine.
La Vierge néanmoins voyait le trouble où était Joseph, et cependant elle demeurait dans le silence : mais Dieu parla bientôt pour elle. Il envoya un Ange, qui s'apparut à Joseph en songe. Car comme ce Saint avait beaucoup de foi, il n'avait pas besoin que Dieu lui parlait d'une manière plus claire et plus visible. L'Ange l'assura donc que ce qu'il croyait être un crime dans son épouse, était un miracle de Dieu : et qu'ainsi il ne devait point craindre de la conserver chez lui, et de la reprendre en quelque sorte, puisque dans sa pensée elle était déjà sortie de sa maison. Il l'appela fils de David, pour le faire souvenir qu'il était de la famille dont le Messie devait naître. Mais il lui marqua encore davantage que ce Messie serait l'enfant même qui naîtrait de Marie, en lui disant que cet enfant sauverait son peuple, et le délivrerait de ses péchés. Il lui ordonna de l'appeler Jésus, lui donnant ainsi tout le pouvoir de père sur celui qui était le maître de l'univers, autant que cela se pouvait sans intéresser la virginité de Marie ; et l'assurant qu'il avait part au grand miracle de l'Incarnation du Verbe. Saint Chrysostome croit comme saint Irénée, que l'Ange cita ensuite à saint Joseph les paroles d'Isaïe, Une Vierge concevra, etc. comme à un homme juste, accoutumé à lire et à méditer les Prophètes.
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Dès que Joseph fut éveillé, il prit la femme avec lui, comme l'Ange le lui avait ordonné, résolu de la garder, et d'être un fidèle ministre de l'œuvre de Dieu. Il fit voir par cette prompte obéissance, que son cœur n'était point endormi, et qu'en toutes choses il cherchait uniquement l'ordre de Dieu. Il fit encore voir par là que lors même qu'il croyait que la sainte Vierge était coupable, son soupçon ne venait d'aucune malignité, mais de la seule infirmité humaine, ou même de l'obligation qu'il avait de veiller sur sa conduite : ce qui le rendait très disposé à reconnaître son innocence pour peu de raison qu'il en eût ; à quoi la grande vertu qu'il voyait d'ailleurs en elle, contribuait sans doute beaucoup.
Il ne la connut point, selon le langage de l'Écriture, ni jusqu'à la naissance de Jésus-Christ, ni depuis, comme nous en sommes assurés par toute la tradition. Que s'il est vrai qu'il l'eût épousée dans la vue et l'intention ordinaire des autres maris, comme saint Augustin paraît l'avoir cru ; sa chasteté en paraît encore plus grande et plus admirable, puisqu'on voit davantage combien il était maître de ses passions, en quoi consiste proprement la chasteté.
Environ six mois après, il fut obligé d'aller à Bethléem avec la sainte Vierge, pour y donner son nom, comme étant descendu de David, dans le dénombrement qu'Auguste faisait faire de tout l'empire. C'était là le dessein des hommes : mais dans le Dessein de Dieu, Marie y venait pour y enfanter le Verbe fait chair, et Joseph pour prendre soin de sa conservation. Ils n'y purent avoir d'autre logement qu'une étable. Ce fut là que le Roi du Ciel voulut naître, et où les pasteurs le trouvèrent avec Marie et Joseph. Saint Joseph prit le soin de l'élever comme son fils et lui rendit avec joie comme à son Dieu, tous les services nécessaires pour cela. Il le porta 40 jours après à Jérusalem, où il reçut la bénédiction de Siméon, et écouta avec admiration ce que ce saint vieillard disait de l'enfant.
Il retourna de là à Bethléem, où il vit avec beaucoup de joie les Mages d'Orient adorer Jésus. Mais la providence divine qui mêle toujours dans la vie de ses saints les amertumes et les douceurs, pour les éprouver par les unes, et les consoler par les autres, lui envoya bientôt un Ange, qui lui dit qu'Hérode Roi de Judée allait chercher l'enfant pour le tuer ; qu'ainsi il fallait qu'il l'emmenât en Égypte avec sa mère, et qu'il y demeurait jusqu'à ce qu'il l'avertît de revenir.
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Il pouvait sembler bien étrange à saint Joseph, que celui qu'on lui avait dit devoir sauver les autres, eut besoin de s'enfuir pour se sauver lui-même. Cependant il ne s'arrêta point à tout cela, parce qu'il avait de la foi. Il obéit sans délai, et sans demander seulement combien durerait cet exil, étant prêt de recevoir avec joie toutes sortes d'épreuves de la main de Dieu. Aussitôt donc qu'il fut éveillé, il partit dans la nuit même pour s'en aller en Égypte : et il y demeura jusqu'à ce qu'Hérode étant mort, l'Ange revint lui dire en songe de ramener l'enfant et la mère dans la Palestine.
L'Évangile nous donne lieu de croire que la première pensée de saint Joseph était de s'établir à Jérusalem ou à Bethléem, comme dans les lieux les plus propres pour l'éducation du Messie. Mais ayant appris que ce pays était sous la domination d'Archélaüs fils d'Hérode, il eut peur à cause de la cruauté que ce prince avait déjà fait paraître, se retira selon l'ordre que Dieu lui donna dans un songe, en sa demeure ordinaire de Nazareth en Galilée, qui obéissait à Hérode Antipas frère d'Archélaüs, mais moins cruel, et où la naissance de Jésus n'avait point fait d'éclat, comme à Jérusalem et à Bethléem.
Saint Joseph allait de là tous les ans à Jérusalem avec la sainte Vierge pour y célébrer la fête de Pâque : la crainte d'Archélaüs ne leur faisait pas omettre ce devoir de religion : outre qu'ils n'étaient à Jérusalem que peu de jours, durant lesquels il leur était aisé de n'être pas connus parmi la foule de ceux qui y venaient aussi pour la fête. Y ayant mené Jésus avec eux lorsqu'il eut douze ans, et lorsque la Judée était déjà sous les Romains, ils le perdirent durant trois jours, ce qui leur causa une extrême affliction. Ils le trouvèrent au milieu des docteurs, et le ramenèrent à Nazareth, où il leur était soumis. Mais Joseph qui connaissait sans doute la dignité de cet enfant, ne s'élevait pas de la supériorité qu'il semblait avoir pour lui, et le conduisait avec une autorité mêlée de respect et de crainte.
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Voilà ce que l'Écriture nous apprend de saint-Joseph, et il ne faut pas espérer d'en trouver autre part rien d'assuré. On croit avec beaucoup de probabilité, qu'il était mort avant que Jésus commençât à prêcher l'Évangile, et avant les noces de Cana, où Jésus fut convié avec sa mère et ses disciples, sans qu'il soit parlé de saint Joseph 78-1, non plus que dans toute l'histoire de la prédication. Et Jésus-Christ en mourant recommanda sa mère à saint Jean : ce qui marque assez qu'elle n'avait point de mari, puisque Jésus-Christ n'est point auteur de division ni de divorce.
On a montré son tombeau dans les siècles postérieurs en la vallée de Josaphat près de Jérusalem. Les anciens n'en ont point parlé : et Bollandus croit même que ce pouvait être le tombeau de Joseph le Juste, proposé avec saint Matthias pour être élevé à l'apostolat. On ne marque point qu'on ait nulle part aucune partie de son corps, mais seulement quelques meubles qu'on dit lui avoir servi, et surtout son anneau de mariage, qu'on prétend avoir à Perouze en Italie, à Semur en Bourgogne, et en quelques autres endroits.
Son nom se trouve dans les martyrologes latins écrits il y a plus de 800 ans, au 19 de mars. On a fait néanmoins sa fête qu'assez tard ; et apparemment parce qu'on le regardait comme appartenant encore à l'ancien Testament. Les Grecs en font quelque mémoire le dimanche de devant Noël, avec les autres Justes de l'ancienne loi ; et une plus solennelle le dimanche suivant, où ils le joignent avec la sainte Vierge, David et saint Jacques de Jérusalem. On prétend que le Cophtes et les autres Orientaux en font une fête fort solennelle le 20 de juillet, auquel ils mettent sa mort sur l'autorité d'une vie pleine de fables.
Bollandus croit que les Carmes ont apporté d'Orient cette fête en l'Église d'Occident, et que les Cordeliers l'ayant reçue en 1399, elle s'est ensuite répandue dans toutes les Église latines. Elles la font le 19 de mars, hors quelques-unes de l'Italie qui la font le 20 de juillet ; en quoi Bollandus croit qu'elles confondent encore l'époux de la Vierge avec Joseph le Juste. Cela n'empêche pas néanmoins qu'on n'y puisse transférer sa fête, afin de l'ôter du temps du carême. Le nouveau bréviaire de Cluny la mise au jeudi de la troisième semaine de l'Avent. Le célèbre Jean Gerson a travaillé par ses écrits à faire établir cette fête. La dévotion particulière qu'a eue sainte Thérèse pour saint Joseph, a beaucoup contribué à en augmenter la solennité.
Bollandus rapporte plusieurs miracles qu'on croit que Dieu a faits dans ce dernier siècle par son intervention.
Origène cite quelques endroits d'un livre apocryphe intitulé la prière de Joseph. Mais comme il dit que c'était un livre des Hébreux, c'est plutôt du patriarche de Jacob. Et il importe peu de savoir à qui l'on a supposé un si méchant livre.
78-1 Un sermon que les Bénédictins ont mis dans l'appendice de ceux de saint Augustin, et qu'ils jugent pouvoir être de saint Césaire, dit que Joseph était présent à l'Ascension de Jésus-Christ, mais il le dit sur une analogie qui ne put servir au fondement à des faits.
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