Paroisse Saint-Bruno-les-Chartreux

Visites.

Pour visiter l'église L'Eucharistie de Niogret La mise au tombeau de Brenet La Pentecôte de Niogret

Pour visiter l'église et la crèche




Pour la période d'été, consulter le site de l'association patrimoniales. Les personnes désirant organiser une visite de groupe de l'église doivent s'adresser à :

Michèle Rety, Association ESBSB,
rety@cegetel.net
04 78 64 28 32
06 28 27 06 30

Participation aux frais

visite AVEC un guide ESBSB : 10 €/pers ,forfait 180 € pour un groupe à partir de 18 pers.
visite SANS guide ESBSB :2 €/pers

Tarif spécial pour scolaires/étudiants :

visite AVEC guide ESBSB:2 €/pers
visite SANS guide ESBSB: gratuit

S'agissant de la crèche

Pendant la période d'activation de la crèche les visites individuelles sont possible aux heures qui seront précisées sur le site ou la feuille paroissiale une quizaine de jours avant l'ouverture. Les visites collectives d'au moins 10 personnes (participation de 3€ par personne) doivent être préparées avec la responsable de la crèche (Mme Dominique Vernay 06 11 48 68 83).

L'Eucharistie de Camille NIOGRET (1910-2009.

Eucharistie

L'Eucharistie est habituellement représentée par les épis de blé, générateurs du pain, et les grappes de raisin d'où provient le vin, qui sont au cœur du repas, la Cène, au cours duquel Jésus annonce sa passion et institue l'Eucharistie: «ceci est mon corps livré pour vous… ceci est mon sang» (Matthieu, 26, 26-28; Marc, 14, 22-24; Luc, 22, 19-20). C'est l'iconographie présente sur le fût du lutrin installé dans le chœur des moines de l'église Saint-Bruno.

Dans ce tableau, deux autres modes de représentation se superposent:

- le soleil, un soleil de couleur or, ardent et qui remplit l'espace. C'est le cœur du tableau. Ce thème n'est pas totalement nouveau. Dans l'Antiquité, de nombreuses civilisations ont assimilé le disque solaire à la divinité, par exemple le Ra des Egyptiens, L'Apollon des Grecs, le Sol invictus des Romains que les monnaies de l'Empereur Constantin le Grand représentent fréquemment. Mais à ce "sol invictus", les Chrétiens ont ajouté une autre dimension: c'est le soleil vainqueur de la mort - une mort infamante, celle de la croix réservée aux "maudits de Dieu" dans le Judaïsme ("maudit qui pend au bois de la croix", Deutéronome, 21, 23) que la Résurrection transforme en une bénédiction. L'ostensoir, qui porte l'hostie dans le culte catholique, rappelle cette signification, en y ajoutant les multiples rayons, symbole de vie. Pas de rayons dans le tableau de Camille Niogret, mais le seul disque solaire curieusement strié verticalement. Pourquoi?

- cela nous conduit à l'autre thème iconographique choisi par l'artiste, très novateur: ce soleil est présenté telle une fleur entourée de multiples rameaux, une fleur énorme qui va porter beaucoupde fruits. Observons les couleurs; en bas du tableau dominent des couleurs froides, le vert végétal, le bleu de l'eau; dans la moitié supérieure, les couleurs chaudes, celles du feu ardent, le jaune mais aussi le rouge. Le rouge joue le rôle d'une sève qui serait du sang, une sève qui s'élance vers le haut et fait croître, un sang qui tombe abondamment de la fleur et qui vivifie. Cette dernière constatation permet de répondre à la question: que représentent les stries verticales dans le disque solaire? La structure d'un bois, ligneux par définition; mais ce bois ne croît pas en auréoles concentriques, ses stries sont verticales, or et rouges; c'est le bois de la Croix qui donne la vie, une vie foisonnante, la Vie éternelle.

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Ce tableau, comme son voisin de mur, La Pentecôte, a été offert par l'artiste au Père Blanc de la Fontaine pour la paroisse Saint-Bruno. C'est un euphémisme de dire qu'il n'a pas été forcément été apprécié pendant des décennies; il faut rendre hommage aux différents Curés de la paroisse pour avoir refusé de s'en séparer et l'avoir exposé, d'abord dans la chapelle Sainte-Claudine puis, depuis une dizaine d'années, dans la salle Paul-Couturier.

Camille NIOGRET a compté parmi les membres du groupe Témoignage créé à Lyon fin 1936 pour introduire de la spiritualité dans l'art; ce groupe est devenu national lors de sa première exposition à Paris en 1938. Camille NIOGRET a joué un grand rôle important dans la vie artistique lyonnaise après la guerre en présidant, à partir de 1952, le Salon Regain où les artistes exposent chaque année pendant un mois quai de Bondy et en ouvrant ce Salon à d'autres formes d'art que la peinture.

La Mise au tombeau, Nicolas-Guy BRENET, 1763, chapelle latérale Saint François-Régis.

mise au tombeau

Ce tableau a été classé dès 1907 pour ses évidentes qualités picturales que met bien en valeur la restauration de 1986 dès lors que la toile se trouve correctement éclairée. Il n'aborde toutefois pas le thème, fréquemment représenté depuis la fin du Moyen-Age, de la façon la plus courante.

BRENET use ici de procédés habituels à l'époque baroque, le luminisme pour mettre en évidence le corps du Christ d'une part, le contraste d'autre part entre ce qui lui paraît majeur, le Christ mort, le personnage de droite auxquels il réserve couleurs puissantes, force, précision du dessin et l'arrière-plan aux couleurs fades, où le dessin peut même se résumer à une esquisse (les Saintes Femmes). En même temps, le tableau montre que le peintre se détache de ce modèle par la symétrie de la composition, le refus des effets gratuits, l'étude d'anatomie toute académique; il y a déjà du néo-classicisme dans cette œuvre.

L'observation réserve une première surprise. Le corps du Christ est d'une blancheur cadavérique inhabituelle, soulignée par une puissante lumière froide; cette blancheur est là pour montrer que Jésus est bien mort. En même temps, le corps ne porte pratiquement pas les stigmates de la passion qu'il vient de vivre, uniquement et très discrètement suggérée une petite blessure de lance au côté; on est à l'opposé du dolorisme baroque. Car BRENET veut insister sur le fait que, si Jésus a perdu sa nature humaine avec la mort de la croix, le processus de la Résurrection est en marche - la puissance d'une lumière, qui n'a rien de réaliste au fond d'une grotte, suggère la présence et l'intervention divines.

Autre surprise. Le personnage de droite tient une place considérable qu'on pourrait juger démesurée dans le contexte de la mise au tombeau. Si, comme il est de coutume, se trouvent représentés dans cette scène Joseph d'Arimathie, Nicodème, Saint Jean et les Saintes Femmes, alors ce personnage ne peut être que Joseph d'Arimathie, un notable (Marc, 15, 42-46), un disciple (Mathieu, 27-57, Jean, 19, 38), un membre du Sanhédrin en désaccord avec la condamnation de Jésus (Luc, 23, 50-51), qui demande à Pilate de l'autoriser à enterrer le supplicié, ce qu'il fait dans un tombeau neuf creusé dans le rocher (Mathieu, 27, 60; Luc, 23, 53; Jean, 19, 41). Cela peut-il justifier cette haute figure dont l'importance ne pourrait se comprendre que si la commande avait été passée par une œuvre de miséricorde pour laquelle le thème de la compassion serait central; or, le tableau a été demandé par les Chartreux. Alors on peut se risquer à répartir les rôles différemment: au fond les Saintes Femmes, à la gauche (du tableau), Joseph d'Arimathie en costume de notable juif et Saint Jean; et, à droite, portant le vêtement écarlate d'un chef et se trouvant inclus, avec le seul Christ, dans la grande diagonale puissamment éclairée… Saint Pierre (remarquer la représentation du Saint, physiquement très voisine, dans L'Ascension du Christ de TREMOLIERES au transept de l'église). Certes Saint-Pierre n'a a priori rien à faire dans cette scène, ayant été absent de la passion dans les récits depuis le triple reniement. Mais le tableau peut vouloir mettre en scène celui auquel le Ressuscité va confier les disciples: «pais mes brebis» (Jean, 21, 15-19). C'est ce même Pierre qui, convertissant le centenier Corneille, le baptisant, acceptant de loger chez lui et de partager sa table, pour la première fois rompit avec les coutumes juives (Actes, 10), réalisant ainsi le premier pas qui éloigna du Judaïsme les disciples de Jésus. Si on accepte cette attribution, alors la scène de la mise au tombeau devient aussi une figuration en puissance de l'institution de l'Église, un thème en accord avec les préoccupations de la Contre-Réforme.

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Nicolas-Guy BRENET (1728-1792), élève de BOUCHER, est un rénovateur du «grand genre», historique ou religieux. Ses préoccupations l'ont conduit à réaliser de nombreux tableaux, souvent de grand format, pour églises et couvents; plusieurs ont été commandés par des chartreuses. Dans l'église Saint-Bruno de Lyon, on trouve une autre de ses œuvres, également classée, dans la chapelle latérale Sainte-Philomène: Le Miracle du dôme. Au travers de l'anecdote de l'orage destructeur apaisé par la prière d'un moine chartreux de Lyon, BRENET illustre avant tout le thème de l'intercession des Saints, autre affirmation de la Contre-Réforme.

La Pentecôte de Camille NIOGRET (1910-2009.

 La Pentecôte

LA PENTECÔTE
Tableau de Camille NIOGRET

Des flammes tombent du ciel avec une puissance telle qu'un véritable déluge de feu s'abat sur terre. Le phénomène génère immédiatement la pousse d'une végétation abondante qui s'élance vers le Ciel: «vous recevrez une force, l'Esprit Saint qui descendra sur vous et vous serez alors mes témoins¦ jusqu'aux extrémités de la terre » (Actes 1,8).

Observons attentivement: dans la partie basse du déluge de feu nous voyons se dessiner en filigrane la silhouette d'un agneau, l'Agneau pascal; cet agneau est surmonté d'un coup de pinceau vertical blanc qui évoque un cierge, le tout cerné en partie haute d'une demi-auréole. L'Esprit-Saint est l'esprit du Seigneur envoyé après qu'il ne soit plus physiquement parmi ses disciples: « l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui vous enseignera tout.» (Jean, 14-26). Le peintre lie résolument Pâques et Pentecôte.

Observons encore: Les côtés du tableau sont envahis d'une végétation de couleur jaune doré, ce qui se voit bien, mais aussi de couleur bleue si nous regardons de près. D'origine terrestre, cette végétation deviendrait-elle céleste?

Ou bien le bleu intense, qui sert de fond au tableau, doit-il être interprété comme étant aussi la couleur de l'eau:«allez donc, de toutes les nations, faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit» (Matthieu, 28-19); la force reçue conduit à convertir et à baptiser. Ou bien encore: «Jean a baptisé d'eau mais vous, c'est dans l'Esprit Saint que vous serez baptisés dans peu de jours» (Actes 1,5); dès lors, l'utilisation des deux tons mettrait en valeur le rôle complémentaire de deux sacrements: baptême, l'eau et confirmation, le feu.

Décidément, les œuvres de Camille NIOGRET sont riches de signification et intéressantesà décrypter !

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