Analyse de l'homélie (Il n'est donné ici que le chapitre premier.)
1. Sur la manière dout les morts doivent ressusciter. — Comparaisons prises du grain de froment qui se décompose pour produire la tige et l'épi. — Le corps qui ressuscite est à la fois le même et plus beau. — 2 et 3. Des différents degrés, soit parmi les justes dans la gloire, soit parmi les réprouvés dans le châtiment. — Sur le corps animal et le corps spirituel. — 4 et 5. Il ne faut pas pleurer les morts avec une tristesse exagérée. — Il faut leur venir en aide par la prière et par les bonnes œuvres. — De la sécurité des morts dans le sein de Dieu.
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1. Malgré la douceur, l'humilité que montre partout l'apôtre, ici, ses paroles ont une aspérité que justifie l'absurdité de ses contradicteurs. Il ne se contente pas toutefois de les rudoyer, il emploie des raisonnements, des comparaisons capables de réduire les disputeurs les plus acharnés. Il dit plus haut : « Ainsi parce que la mort est venue par un homme, c'est aussi par un homme que doit venir la résurrection ». Ici, il résout l'objection des païens. Voyez encore comme il adoucit la dureté de la réprimande. Il ne dit pas, mais vous direz peut-être, il s'adresse à un contradicteur qu'il ne définit pas, de manière que la liberté de son discours ne puisse pas blesser les auditeurs. Maintenant il énonce les deux motifs de doute, le doute relatif au mode de la résurrection, le doute relatif à la qualité des corps. C'étaient là, en effet, les deux points qui troublaient les esprits : comment ressuscite ce qui a été décomposé ? et, « quel sera le corps dans lequel reviendront » les morts ? Que signifie, « quel sera le corps ? » Sera-ce le corps qui se sera corrompu, qui aura péri, ou un autre corps quelconque ? Ensuite l'apôtre, pour leur montrer que leurs doutes s'attaquent à des vérités incontestables, reconnues de tous, les refoule d'un ton véhément : « Insensé que vous êtes, ne voyez-vous pas que ce que vous semez ne reprend point vie, s'il ne meurt auparavant ? » C'est la méthode que l'on suit avec ceux qui contredisent des vérités reconnues. Pourquoi n'invoque-t-il pas tout de suite la puissance de Dieu ? C'est qu'il s'adresse à des infidèles. En effet, lorsque c'est aux fidèles qu'il parle, il fait bon marché des raisonnements. Voilà pourquoi il dit ailleurs : « Il transfigurera votre corps, tout vil qu'il est, afin de le rendre conforme à son corps glorieux » ( Philip. 3, 21 ), il montre quelque chose de plus que la résurrection, il n'apporte aucun exemple ; pour toute démonstration, le pouvoir de Dieu lui suffit, et il le rappelle en disant : « Par cette vertu efficace, par laquelle il peut s'assujétir toutes choses ». Mais ici, il produit des raisonnements. Car après avoir confirmé la vérité par les textes de l'Écriture, il ajoute, de l'abondance de son cœur, contre ceux qui ne sont pas encore persuadés par l'Écriture : « Insensé que vous êtes, ne voyez-vous pas que ce que vous semez ». C'est-à-dire ; vous avez sous vos yeux la démonstration de cette vérité, vous la trouvez dans ce que vous faites chaque jour et vous doutez encore ? Si je vous appelle insensé, c'est parce que vous ne voyez pas ce que vous faites vous-même chaque jour, c'est parce que vous êtes vous-même un artisan de résurrection et que vous doutez de la résurrection opérée par Dieu. Voilà pourquoi l'apôtre dit avec éloquence : « Ne voyez-vous pas que ce que vous semez », vous qui êtes mortel et périssable. Et remarquez l'appropriation de ses expressions au sujet qu'il traite. « Ne reprend point vie », dit-il, « s'il ne meurt auparavant ». L'apôtre abandonne les expressions qui ont trait aux semences, germe, pousse, se gâte, se décompose, il emploie des termes en rapport avec notre chair, ainsi, reprend vie », ainsi « meurt », manières de parler qui ne s'appliquent pas proprement aux semences, mais aux corps. Et il ne dit pas, meurt et vit ensuite, mais, ce qui est plus expressif, ne vit qu'à la condition de mourir. Vous voyez si j'ai raison de vous répéter qu'il prend toujours l'inverse du raisonnement de ses contradicteurs. Ce qu'ils regardaient comme une réfutation de la résurrection, il le prend pour démonstration de cette même résurrection ; ils disaient en effet que le corps ne pouvait pas ressusciter, puisqu'il était mort. Que leur oppose-t-il donc ? C'est que précisément s'il ne mourait pas, il ne ressusciterait pas ; ce qui fait qu'il ressuscite, c'est qu'il est mort. De même que le Christ, pour démontrer cette vérité, prononce ces paroles : « Si le grain de froment ne meurt après qu'on l'a jeté en « terre, il demeure seul ; mais, quand il est mort, il porte beaucoup de fruit » ( Jean 12, 24 ), de même Paul emprunte son exemple aux semences, et il ne dit pas : Ne vit pas, mais « ne reprend vie » ; cette expression prouve encore le pouvoir de Dieu, elle montre que ce n'est pas la force propre de la terre, que c'est Dieu seul qui fait tout. Et pourquoi ne montre-t-il pas ce qui tenait plus étroitement au sujet, je veux dire la semence humaine ? En effet notre génération commence par la corruption, comme celle du froment. C'est que les deux semences n'ont pas pour le raisonnement, une force égale, celle du froment est bien plus éloquente. Ce que veut l'apôtre, c'est quelque chose qui soit entièrement détruit, il n'y a dans la génération humaine de corruption qu'en partie. Voilà pourquoi c'est la semence du froment qui sert d'exemple. D'ailleurs l'autre, sortie d'un vivant, tombe dans un ventre vivant ; mais ici ce n'est pas dans de la chair, mais dans de la terre que la semence tombe, et elle s'y décompose comme le corps, comme le cadavre. Voilà ce qui fait que l'image prise du grain de froment convenait mieux au sujet. « Et quand vous semez, vous ne semez pas le corps qui doit naître ( 37 ) ». Tout ce qui précède, concerne le mode de la résurrection ; cette dernière observation répond au doute sur les corps dans lesquels les morts doivent revenir. Or que signifie : « vous ne semez pas le corps qui doit naître ? » L'épi entier, le froment nouveau. Ici en effet, le discours ne se rapporte plus à la résurrection même, mais au mode de la résurrection, à la nature du corps qui ressuscitera, à savoir : s'il ressemblera au corps précédent, ou s'il sera meilleur et plus beau ; et le même exemple sert à deux fins, l'exemple prouve que le corps ressuscité sera de beaucoup supérieur.
587-588.
Mais ici les hérétiques, ne comprenant rien à ces choses, font un assaut et disent : C'est un corps qui tombe, c'en est un autre qui ressuscite. Que devient alors la résurrection ? Car la résurrection ne peut être que la résurrection de ce qui est tombé. Que devient la merveilleuse, l'étonnante victoire remportée sur la mort, si le corps qui tombe n'est pas le même qui ressuscite ? Dans ce cas, on ne pourra certes pas dire que la mort a rendu son prisonnier. Et maintenant, comment l'exemple donné serait-il approprié à la vérité ? Car l'essence que l'on sème n'est pas autre que celle qui reparaît, c'est la même essence devenue meilleure. Autre conséquence : le Christ n'aura pas repris le même corps, lui, les prémices de ceux qui ressuscitent ; à vous entendre, il a rejeté son corps, quoiqu'il fût exempt de tout péché, et c'est un autre corps qu'il a pris. Et d'où l'a-t-il tiré, ce second corps ? Le premier, il l'a pris d'une vierge, mais le second, d'où le tenait-il ? Voyez-vous à quelles absurdités est arrivée la démonstration ? Car enfin, pourquoi le Christ montre-t-il les traces et les empreintes des clous, sinon pour faire voir que c'est le même corps qui a été attaché à la croix, et qui est ressuscité ? Que signifie la figure de Jonas ? Que le Jonas qui a été englouti est le même qui a été rejeté sur la terre. Et pourquoi le Christ disait-il encore : « Détruisez ce temple, et je le rétablirai en trois jours ? » ( Jean 2, 19, 21. ) C'est que le corps détruit est le corps qu'il a ressuscité. Aussi l'évangéliste ajoute-t-il : « Mais il parlait du temple de son corps ». Que signifie donc : « Vous ne semez pas le corps qui doit naître ? » C'est-à-dire, vous ne semez pas l'épi ; en effet, c'est le même et ce n'est pas le même ; c'est le même parce que c'est la même essence, et ce n'est pas le même parce que l'épi qui viendra est meilleur ; la même essence persiste, mais il y a développement, il y a supériorité de beauté, fraîcheur de nouveauté ; c'est la condition indispensable pour qu'il y ait résurrection, il faut que ce qui ressuscitera soit meilleur. Pourquoi détruire la maison, si l'on ne doit pas la relever plus brillante et plus belle ? Voilà ce que dit l'apôtre à ceux qui regardent la résurrection comme une dissolution. Ensuite, pour prévenir la pensée qu'il suit de là qu'on entend parler d'un corps différent, il éclaircit cette énigme, il explique lui-même le sens de ses paroles, il ne souffre pas que l'auditeur flotte dans des conclusions qui l'égareraient. Qu'avons-nous besoin de mêler nos paroles aux siennes ? Écoutez-le lui-même, entendez-le s'expliquer : « Vous ne semez pas le corps qui doit naître » ; car aussitôt il ajoute : « mais la graine seulement, comme du blé, ou de quelque autre chose ». Ce qui veut dire : Ce n'est pas le corps qui viendra, car il aura un autre vêtement, une tige, des épis ; « mais la graine seulement, comme du blé, ou de quelque autre chose. Et Dieu lui donne un corps tel qu'il lui plaît ( 38 ) ». Sans doute, objecte-t-on, mais c'est ici l'œuvre de la nature. De quelle nature, répondez-moi ? Je vous dis qu'ici encore c'est Dieu seul qui fait tout, et non la nature, ni la terre, ni la pluie. Aussi l'apôtre, exprimant cette vérité, laisse-t-il de côté et la terre, et l'air, et la pluie, et la main-d'œuvre des agriculteurs : « Et Dieu », dit-il aussitôt, « lui donne un corps tel qu'il lui plaît ». Cessez donc de prendre un soin superflu et de vous enquérir curieusement du comment et de la manière dont les choses se passent, lorsqu'on vous a signifié la puissance de Dieu et sa volonté. « Et il donne à chaque semence le corps propre à chaque plante ». Que devient l'idée d'un corps étranger ? Il lui donne le corps propre. Aussi lorsque l'apôtre dit : « Vous ne semez pas le corps qui doit naître », il n'entend pas que ce sera une autre essence qui paraîtra, mais que la même essence ressuscitera, meilleure et plus brillante. « Car il donne à chaque semence le corps propre à chaque plante ». Et par là, il indique déjà la différence que présentera la résurrection à venir. En effet, n'allez pas conclure de cette semence dont tous les germes se relèvent, qu'il y aura dans la résurrection égalité d'honneur. Gardez-vous surtout de le croire quand vous voyez que les semences des champs ne présentent pas dans leurs productions cette égalité, mais que telles plantes grandissent et se développent avec éclat, tandis que telles autres paraissent chétives. Voilà pourquoi l'apôtre ajoute : « le corps propre à chaque plante ». Toutefois cette différence ne lui suffit pas, il en cherche encore une autre plus considérable et plus manifeste. Car pour prévenir cette erreur que j'ai mentionnée, qui conclurait, de ce que tous ressuscitent, que tous doivent jouir des mêmes biens, l'apôtre s'est empressé de jeter dans ses premières paroles les semences de la pensée qui est la seule vraie, il a dit tout d'abord : Tous vivront en Jésus-Christ, « et chacun en son rang ». C'est la pensée qu'il reprend ici, qu'il explique : « Toute chair n'est pas la même chair ( 39 ) ». À quoi bon, dit-il, insister sur les semences ? Nous n'avons qu'à considérer nos corps mêmes, puisque c'est des corps que nous nous occupons maintenant. Voilà pourquoi il ajoute : « Mais autre est la chair des hommes, autre la chair des bêtes, autre celle des oiseaux, autre celle des poissons. Il y a aussi des corps célestes et des corps terrestres, mais les corps célestes ont un autre éclat que les corps terrestres. Le soleil a son éclat, qui diffère de l'éclat de la lune, comme l'éclat de la lune diffère de l'éclat des étoiles, et comme, entre les étoiles, a l'une est plus éclatante que l'autre ( 40, 41 ) ».
Dans la suite de cette homélie, Chrysostome propose ses commentaires sur la forme du corps ressuscité.
30 juin au 6 juillet.
Benson Robert-Hugh
Voilà l'une des choses que j'ai apprises à Rome ; et cette chose-là valait dix mille fois le conflit qui se livrait en moi à son sujet. Je comprenais enfin que rien d'humain n'était étranger à Dieu ; que les efforts des nations préchrétiennes les avaient amenées très près de la Porte de Vérité ; que leurs petits systèmes et tous leurs travaux n'avaient pas été méprisés par Celui qui les avait permis ; et que Dieu, ayant parlé en diverses occasions et de diverses manières, dans les temps passés, à nos pères par les prophètes, nous avait enfin parlé directement par son Fils, qu'il avait proclamé l'héritier de toutes choses, et par lequel aussi il avait créé le monde, et qui, étant la splendeur de sa gloire et la figure de sa substance, et faisant purgation de nos péchés, se trouve assis à la droite de la Majesté Suprême ».
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