Le père Matteo, notre curé.

Horaires du 9 au 15 novembre.
Horaires du 2 au 8 novembre.
Vente de Noël
de la fondation Lejeune














La vérité est inaltérable.
saint Augustin
Traité du Libre arbitre.
Dialogue entre Augustin et Évodius
352.
33. Tu ne songerais donc point à le nier ; il est une vérité inaltérable, dans laquelle sont contenues toutes ces choses inaltérablement vraies ; et tu ne peux dire d'elle qu'elle est à toi ou à moi, ni à aucun homme en particulier ; mais par des modes merveilleux, comme une lumière à la fois secrète et publique, elle se présente et s'offre en commun à tous ceux qui voient les vérités inaltérables. Or, une chose quelconque qui se présente en commun à tous ceux qui usent de leur raison et de leur intelligence, peux-tu dire qu'elle appartient en propre à la nature de quelqu'un d'entre eux ? Tu te souviens, je pense, de ce que nous avons dit en traitant des êtres corporels : les objets que nous percevons en commun par les sens de la vue et de l'ouïe, comme les sons et les couleurs, que nous voyons et entendons ensemble, toi et moi, n'appartiennent pas à la nature de nos yeux ni de nos oreilles ; mais elles nous sont communes par rapport à la perception de nos sens. De même donc aussi, ces objets que nous voyons en commun, toi et moi, chacun avec notre esprit, ne peuvent, tu l'avoueras, appartenir à la nature de l'esprit de l'un de nous deux, car l'objet vu simultanément par les yeux de deux personnes, tu ne peux dire qu'il soit les yeux de l'un ou de l'autre, mais c'est une chose tierce vers laquelle convergent les regards de tous les deux. — E. Cela est très clair et très vrai.
34. A. Maintenant, qu'en penses-tu ? cette vérité, dont nous parlons depuis déjà longtemps, et qui, unique, nous fait voir tant de choses en elle, est elle supérieure, égale ou inférieure à nos esprits ? D'abord, si elle leur était inférieure, nous ne jugerions pas d'après elle, mais nous la jugerions elle-même, comme nous jugeons des corps, parce qu'ils nous sont inférieurs, en disant d'eux : ils sont ou ne sont pas de telle ou telle manière, mais ils devraient être de telle ou telle autre. Et il en est de même pour nos âmes. Nous disons de notre âme, non seulement qu'elle est de telle manière, mais souvent qu'elle devrait être de telle autre. Nous jugeons ainsi des corps lorsque nous disons, par exemple : tel corps n'est pas assez blanc ou assez carré, etc.; et des âmes, en disant : celle-ci n'est pas aussi capable qu'elle devrait l'être ; ou aussi douce, ou aussi courageuse, suivant la raison qui doit nous conduire. Et nous prononçons ces jugements d'après les règles intérieures de la vérité, que nous voyons les uns et les autres.
De ces règles, au contraire, personne ne se fait juge en aucune façon. En effet, lorsqu'on dit que les choses éternelles sont préférables aux temporelles, ou que sept et trois font dix, personne ne dit qu'il en devait être ainsi, mais chacun, connaissant qu'il en est ainsi en réalité, ne vient pas, comme un examinateur, redresser ces maximes, mais s'en réjouir comme ferait un inventeur.
De plus, si cette vérité était égale à nos esprits, elle serait changeante comme eux. En effet, nos âmes la voient tantôt plus, tantôt moins, et elles se déclarent ainsi changeantes, tandis que la vérité demeurant en elle-même n'augmente pas quand nous la voyons plus, ni ne diminue quand nous la voyons moins ; mais toujours entière et inaltérée, elle réjouit de sa lumière ceux qui se tournent vers elle, et punit de la cécité ceux qui se détournent d'elle. Bien plus, c'est d'après elle que nous jugeons nos propres esprits, sans que jamais nous puissions la juger elle-même ; car nous disons : tel esprit ne comprend pas autant qu'il faut, ou il comprend autant qu'il doit. Or, un esprit comprend autant qu'il doit comprendre, lorsqu'il s'approche aussi près et qu'il adhère autant que possible à la vérité. Donc si elle n'est ni inférieure, ni égale à nos esprits, elle leur est supérieure et meilleure qu'eux.
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Saint Grégoire VII, moine et pape. Semaine II, chapitre II.
Comte de Montalembert.
Hildebrand avant son élection à la papauté.
p. 370
Opinions diverses sur l'origine de Hildebrand. — Il est moine à Rome et élève de Laurent d'Amalfi. — Il accompagne Grégoire VI en France. — Son séjour à Cluny. — Ses voyages en Allemagne. — Son entretien avec Léon IX. — Ses conseils au pape. — Premier coup porté à la puissance impériale. — Décrets de Léon IX. — Importance du concile de Reims. — La liberté des élections ecclésiastiques revendiquée. — Condamnation de Bérenger. — Les Normands champions de l'Église romaine. — Mort sublime de Léon IX. — L'Église d'Orient se détache de Rome. — Avènement de Victor II. — Mort de Henri III. Étienne X est élu sans que l'empereur intervienne. — Pierre Damien. — Son austérité. — Son indépendance d'esprit. — Dominique le Cuirassé. — Les comtes de Tusculum. — Un pape intrus. — Pontificat de Nicolas II. — L'autorité de Hildebrand s'accroît sans cesse. — L'élection du pape exclusivement confiée aux cardinaux. — Alliance avec les Normands. — Hannon évêque de Cologne. — Saint-Jean Gualbert et les moines de Vallombreuse. — Avènement d'Alexandre II. — Progrès de la puissance temporelle. — Hildebrand est élu pape.
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pp. 370-372
C'était donc sur l'Ordre Monastique que devaient nécessairement s'appuyer tous les efforts tentés pour réformer, purifier et affranchir l'Église, et c'est ce que comprenait bien, en entreprenant une telle œuvre, Hildebrand, le plus grand des enfants de Saint-Benoît, Hildebrand, que l'Ordre Monastique semble avoir donné à l'Église et à la chrétienté comme un glorieux équivalent de tous les bienfaits dont l'une et l'autre l'avaient comblé.
pp. 371-373
Fils d'un charpentier toscan [371-1], mais d'origine germanique, comme son nom l'indique, Hildebrand avait été moine, à Rome, dès son enfance, au monastère de Sainte-Marie au Mont-Aventin [372-1], dont son oncle était abbé. Élève d'un très savant archevêque bénédictin, le célèbre Laurent d'Amalfi [372-2], il se lia tendrement à saint Odilon de Cluny. Attaché de bonne heure au vertueux pape Grégoire VI, il le vit, avec indignation, confondu avec deux indignes compétiteurs et déposé en même temps qu'eux, par l'influence arbitraire de l'empereur, à Sutri [372-3]. Il suivit ensuite le pontife exilé en France, et, après sa mort, il alla se ranger parmi les moines de l'abbaye de Cluny [372-4], qu'il avait déjà habitée auparavant [372-5], et où, selon plusieurs écrivains, il fut revêtu des fonctions de prieur [373-1].
pp. 373-374
Toutefois, pendant une partie de sa jeunesse, il dut séjourner à la cour impériale d'Allemagne, où il produisit une grande impression sur l'empereur Henri III et sur les évêques les plus recommandables du pays, par l'éloquence de ses prédications. L'empereur disait qu'il n'avait jamais entendu personne prêcher la parole de Dieu avec plus de courage [374-1] : c'était Moïse chez Pharaon [374-2].
Hildebrand habita donc et put étudier successivement les deux camps d'où devaient sortir les plus dévoués soldats et les plus acharnés adversaires de la cause qui bientôt allait se personnifier en lui. Dieu préparait ainsi, tantôt sous l'austère discipline du cloître, tantôt au sein des agitations du monde, le génie du moine qui devait vaincre le monde avec l'aide des moines [374-3].
pp. 374-376
Ce fut à Cluny [374-4] que Hildebrand rencontra, en 1049, le nouveau pape, Brunon, évêque de Toul, issu de la puissante et pieuse race de Nordgau et d'Eggisheim, dont les ancêtres s'étaient signalés les uns par leurs fondations monastiques, les autres en terminant sous la coule leur belliqueuse carrière. Brunon, lui aussi, avait été moine [375-1] : son cousin, l'empereur Henri III, l'avait fait élire, de sa pleine autorité, à Worms, le 1er décembre 1048, et proclamer sous le nom de Léon IX. Hildebrand, le voyant déjà revêtu de la pourpre pontificale, lui reprocha d'avoir accepté le gouvernement de l'Église et lui conseilla de sauvegarder la liberté ecclésiastique en se faisant de nouveau élire canoniquement à Rome. Brunon se rendit à cette salutaire remontrance : déposant la pourpre et les ornements pontificaux, pour prendre l'habit de pèlerin, il se fit accompager par Hildebrand à Rome, où son élection fut solennellement renouvelée par le clergé et par le peuple romain [376-1]. C'était un premier coup porté à l'autorité usurpée de l'empereur. À partir de ce moment, Hildebrand fut enlevé à Cluny par le pape, malgré la vive résistance de l'abbé saint Hugues [376-2]. Créé cardinal sous-diacre de l'Église romaine et abbé de Saint-Paul hors des Murs, il marche sans s'arrêler vers le but qu'il poursuit. Guidé par ses conseils [376-3], Léon IX, après être allé se retremper au Mont-Cassin, prépare plusieurs décrets de condamnation formelle contre la vente des bénéfices, contre le mariage des prêtres, et ces décrets sont fulminés dans une série de conciles tenus en deçà et au delà des Alpes, à Rome, à Verceil, à Mayence, à Reims.
pp. 376-377
L'ennemi, tranquille jusque-là au sein de sa domination usurpée, se sentit frappé au vif [377-1]. Cependant les évêques prévaricateurs, complices ou auteurs de tous les maux que le pape voulait guérir, feignirent, autant qu'ils le purent, de ne pas comprendre la nature et la portée des actes du pontife [377-2]. Ils espéraient que le temps serait pour eux ; mais ils furent bientôt désabusés.
pp. 377-379
Entre les nombreuses assemblées convoquées et présidées par le pape Léon IX, le concile de Reims, tenu en 1049, fut surtout important [377-3]. Dominé par les suggestions de certains seigneurs qui savaient que leurs violences et leurs attentats contre la foi conjugale y seraient signalés et flétris, aux yeux de toute la chrétienté [377-4], excité par certains prélats également compromis, le roi de France, Henri Ier, s'opposa de toutes ses forces à la tenue du concile [378-1] ; et nombre d'évêques français, qui avaient acquis leur dignité par la simonie, se firent de l'opposition du roi un prétexte pour fuir une assemblée où ils craignaient de voir leurs méfaits mis en lumière. Le pape tint bon : il n'avait pu réunir autour de lui que vingt évêques ; mais, en revanche, il s'y trouvait cinquante abbés bénédictins [378-2]. Grâce à leur appui, des canons énergiques purent être promulgués pour réprimer les deux grands scandales du temps, et divers prélats coupables furent déposés [378-3]. On alla plus loin : un décret rendu dans ce même concile revendiqua, pour la première fois depuis de longues années, la liberté des élections ecclésiastiques, en déclarant qu'aucune promotion à l'épiscopat ne serait valide sans l'élection du clergé et du peuple [379-1]. Ce fut le premier signal de la lutte entreprise pour l'affranchissement de l'Église [379-2] et le premier gage de l'influence prépondérante de Hildebrand. Dès lors tout fut changé. Un nouvel esprit souffla sur l'Église ; une nouvelle vie palpita au cœur de la papauté. Mais ce n'était pas seulement la discipline et la liberté de l'Église qui avaient des dangers à courir : la foi et la piété catholique étaient menacées jusque dans leurs racines par l'hérésie de Bérenger contre la sainte eucharistie. Ici encore les moines furent l'instrument du salut. Léon IX condamna le premier cette doctrine impie [379-3], laissant à ses successeurs le soin de confirmer sa sentence, et à Hildebrand, à Lanfranc, à Durand, à Guitmond et autres moines, la mission de réfuter, par l'autorité de la science et de la tradition, le dangereux hérésiarque dont l'attitude équivoque et les cauteleux écrits rendaient la répression difficile [379-4].
p. 380
Dans l'intervalle de ces assemblées, Léon IX, infatigable dans son zèle, portait l'édification et la réforme monastique [380-1] en Alsace et en Lorraine, partout où il rencontrait les fondations de ses pieux ancêtres, comme au delà du Rhin, en Italie et jusqu'en Hongrie. Saint-Diey, Fulda, Hirschau, Subiaco et Farfa, entre autres grandes maisons [380-2], reçurent des mains de l'illustre pontife une vie nouvelle. Le Mont-Cassin le vit trois fois gravir ses pentes, pour venir se reposer des grandeurs au sein de la pénitence, et s'associer à tous les exercices des moines, dont il lavait humblement les pieds [380-3]. Vaincu et fait prisonnier par les Normands, qui ne devaient se transformer que plus tard, sous saint Grégoire VII, en champions si dévoués de l'Église, Léon IX les vainquit, à son tour, à force de sainteté et de courage, et il leur arracha un premier serment de fidélité au Saint-Siège, en leur accordant une première investiture de leurs conquêtes [380-4].
pp. 381-383
La mort vint réclamer le pontife au bout de cinq ans de règne. Son agonie fut sublime. Après avoir exhorté les évêques, dans les termes les plus solennels, à veiller sur le troupeau du Seigneur et à le défendre contre la dent des loups, Léon se fit transporter dans l'église de Saint-Pierre, et là, en présence de son cercueil qu'il avait ordonné d'y placer, il passa deux jours presque entiers, tantôt exhortant, avec une infinie douceur, les fidèles qui se pressaient autour de lui, tantôt prosterné devant l'autel et priant à haute voix : « Jésus », disait-il, « ô bon pasteur, exauce les prières de ton serviteur pour cette Église ou tu as voulu que moi, indigne, j'occupasse la place du bienheureux Pierre. C'est à toi. Seigneur, que je la recommande : entoure-la du rempart inexpugnable de ta protection ; repousse loin d'elle le schisme et ce la perfidie des hérétiques. Ah ! daigne la défendre contre les embûches de ses ennemis, toi qui as versé pour elle ton sang précieux ; et, s'il est des hommes que j'aie liés ou excommuniés à tort, en défendant la foi, absous-les, je t'en supplie, ô toi, le clément et le miséricordieux [381-1] ! » Àprès qu'il eut ainsi prié, un parfum délicieux s'exhala de l'autel de Saint-Pierre et embauma l'église.Alors, s'approchant du cercueil de pierre, où il retrouvait comme l'image de sa cellule de moine, le pape entretint le peuple de la fragilité de la gloire terrestre : « Voyez tous », disait-il, « ce que c'est que la condition humaine : moi qui suis sorti presque du néant, pour arriver au comble de la gloire d'ici-bas, me voici prêt à rentrer de nouveau dans le néant. J'ai vu changer en palais spacieux ma cellule de moine : et, maintenant, il me faut rentrer dans l'étroit espace de cette tombe… pierre ! sois bénie entre toutes les pierres, et béni soit celui qui t'a créée et qui a voulu que tu gardasses ma poussière Sois-moi ! fidèle, ô pierre, et, de même que Jésus-Christ a fondé son Église sur la pierre apostolique, puisses-tu ainsi garder fidèlement mes os, jusqu'au jour du jugement, afin qu'à la venue du terrible juge tu puisses me rendre à ton créateur et au mien [382-1] » Vers l'aube, ceux qui veillaient le mourant eurent une vision : ils crurent voir les saints apôtres Pierre et Paul qui s'entretenaient avec leur successeur, en écrivant des paroles mystérieuses [382-2]. Les dernières paroles du pontife furent pour confier à Hildebrand l'administration de l'Église romaine [382-3]. Au moment où Léon IX expirait, les cloches de Saint-Pierre sonnèrent d'elles-mêmes. On enterra le pape, comme il l'avait demandé, dans l'église du prince des Apôtres et devant l'autel de Saint-Grégoire le Grand. Ainsi mourut le premier des pontifes régénérateurs qui eût subi l'ascendant, désormais irrésistible, du moine Hildebrand. Avec Léon IX, l'Ordre de Saint-Benoît prit possession du Saint-Siège, comme d'un patrimoine héréditaire. Et, en effet, pendant un siècle, ce patrimoine ne devait point sortir de la glorieuse famille bénédictine [383-1].
pp. 383-384
Au moment où la lutte allait devenir flagrante et terrible entre la papauté et l'empire d'Occident, l'Orient, par un décret impénétrable de Dieu, se détacha définitivement de l'unité catholique. Quoique Photius eût porté, deux siècles auparavant, une atteinte fatale à la pureté et à l'orthodoxie de l'Église byzantine, cette Église était loin d'avoir rompu tout lien avec le Saint-Siège. Mais avilie par les passions de son clergé et par sa complicité avec toutes les misères d'un peuple abâtardi, elle échappait de plus en plus à la paternelle autorité du Saint-Siège pour devenir le jouet du despotisme impérial. Enfin, après une longue suite de patriarches élus et déposés, au gré du pouvoir laïque, le schisme fut consommé par Michel Cérulaire qu'avait poussé, en 1043, sur le siège patriarcal, la main de l'empereur Constantin Monomaque. La scission s'opéra sous le vain prétexte des observances grecque et latine au sujet du pain azyme, des viandes suffoquées et du chant de l'alleluia [384-1]. Le pape saint Léon IX, après avoir combattu par écrit les prétentions des Grecs, n'avait rien négligé pour empêcher la rupture : il mourut avant qu'elle devînt irréparable.
pp. 384-385
L'Ordre de Saint-Benoît avait fourni à Léon IX des défenseurs intelligents et zélés de l'autorité pontificale. Parmi les légats envoyés à Constantinople pour tenter un rapprochement entre les deux Églises, on remarque deux moines lorrains, que Léon IX avait appris à connaître et à estimer dans son diocèse de Toul. C'est d'abord Humbert, abbé de Moyenmoustier, qu'il avait fait cardinal-évêque de Sainte-Rufine et abbé de Subiaco, puis Frédéric, frère du duc de Lorraine, depuis abbé du Mont-Cassin et pape sous le nom d'Étienne X [384-2]. Humbert réfuta les assertions du patriarche schismatique et de ses apologistes, dans un écrit plein de verve et de science [385-1] : il se retira, après avoir déposé sur l'autel de Sainte-Sophie un acte d'excommunication contre l'auteur et les fauteurs du schisme. Frédéric, devenu pape, chargea son successeur au Mont-Cassin, l'abbé Didier, de continuer la même tâche, dont Didier s'acquitta sans fruit, mais non sans honneur [385-2]. Plus tard, sous Alexandre II, un autre moine, Pierre, que Hildebrand était allé chercher dans son monastère de Salerne, fut conduit à Rome et présenté au pape, qui le fit évêque d'Anagni et légat à Constantinople. Il y demeura jusqu'à la mort de l'empereur Michel Ducas, et il contribua de son mieux à maintenir une apparence d'unité entre la cour de Byzance et l'Église romaine [385-3]; mais, pas plus que ses prédécesseurs, il ne réussit à changer le fond de la situation.
pp. 385-386
Léon IX mort, les Romains voulurent élire Hildebrand, et ils ne renoncèrent à leur projet [385-4] que sur ses instances les plus vives. Alors ce dernier se hâta de franchir les Alpes et se dirigea vers l'Allemagne [386-1], muni des pleins pouvoirs du clergé et du peuple romain, pour choisir, sous les yeux de l'empereur Henri III, celui que ce prince jugerait le plus digne de la tiare parmi les prélats de l'Empire [386-2].
Les choses s'étaient bien modifiées, en peu de temps, grâce à l'ascendant d'un moine. Le même empereur qui naguère avait pu faire déposer trois papes et en nommer ensuite trois autres, s'inclinait, moins de huit ans après le concile de Sutri, devant l'initiative de l'Église romaine, en attendant le moment très prochain où elle deviendrait la maîtresse exclusive de ses choix.
pp. 386-387
Hildebrand désigna Gebhard, évêque d'Eichstæt [386-3], et, malgré l'empereur, qui désirait garder auprès de lui ce prélat investi de toute sa confiance, malgré Gebhard lui-même [387-1], il le ramena à Rome, où le clergé procéda à son élection, selon l'antique coutume [387-2], sous le nom de Victor II. Le nouveau pape, au péril de sa vie [387-3], se conforma aux conseils de Hildebrand et continua la guerre faite par son prédécesseur aux évêques simoniaques et aux prêtres mariés. Hildebrand, envoyé comme légat en France, s'empressa d'assembler un concile dans la province de Lyon, où il déposa tout d'abord six évêques convaincus du péché qu'on regardait alors comme le péché contre le Saint-Esprit. L'archevêque d'Embrun était prévenu du même crime ; mais, comme il avait acheté ses accusateurs, personne n'éleva la parole contre lui. Alors Hildebrand enjoignit au prélat de dire tout haut : Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit. L'archevêque put dire : Gloire au Père et au Fils ; mais il ne réussit point, malgré tous ses efforts, à prononcer les mots et Spiritui sancto. Se voyant ainsi convaincu par le jugement de Dieu, l'archevêque confessa son crime et se résigna à la déposition. Cet exemple produisit une impression tellement salutaire sur l'Église de France, que quarante-cinq évêques et vingt-sept prélats d'un ordre inférieur se reconnurent coupables de simonie et abdiquèrent leur dignité [388-1].
L'empereur Henri III mourut sur ces entrefaites, à la fleur de l'âge [388-2], en laissant le trône d'Allemagne à son fils unique, enfant de six ans, mais déjà élu et couronné, du vivant de son père, sous la régence de sa mère, l'impératrice Agnès [388-3].
pp. 388-389
Cette dernière circonstance ne pouvait être que favorable à l'affranchissement de l'Église. Aussi à peine Victor II avait-il suivi l'empereur dans la tombe [388-4], que le clergé romain se hâta de procéder, pour la première fois, à l'élection du pape sans aucune intervention impériale. En l'absence de Hildebrand, le choix unanime des électeurs se fixa sur l'ancien chancelier et légat de Léon IX à Constantinople, sur Frédéric, moine et abbé du Mont-Cassin [389-1]. Le nouveau pape, que les liens les plus étroits unissaient à la cause de la liberté du Saint-Siège, était frère de Godefroy, duc de Lorraine, mari de la comtesse Béatrice de Toscane, et l'un des princes le plus en état de résister à l'empereur. Élevé sur le trône, sous le nom d'Étienne X, c'est à peine s'il eut le temps de signaler son trop court pontificat par quelques mesures énergiques en faveur de la discipline ecclésiastique et du célibat, et par de nouvelles négociations destinées à ramener l'Église de Constantinople à l'unité. Ce fut Étienne qui créa Hildebrand archidiacre de l'Église romaine [389-2], et qui, d'après l'avis de celui-ci, nomma cardinal-évêque d'Ostie [389-3] Pierre Damien, le moine le plus austère et le plus éloquent de son temps.
pp. 389-392
Né en 1007 et abandonné par sa mère, cet enfant, destiné à être l'un des adversaires les plus courageux du mariage des prêtres, avait été, chose curieuse, sauvé de la mort grâce aux soins de la femme d'un prêtre. Avant de devenir moine, Damien s'était fait connaître et par sa science et par le zèle qu'il apportait à l'éducation de nombreux élèves [390-1]. À trente-trois ans, il avait embrassé la vie monastique [390-2]. À partir de ce jour, il avait énergiquement attaqué les désordres du clergé dans de nombreux écrits, et s'était signalé par la plus tendre dévotion pour la sainte Vierge [390-3]. On racontait l'excessive rigueur des pénitences qu'il s'imposait à lui-même et auxquelles il soumettait les religieux de son monastère [390-4]. Depuis de longues années il édifiait l'Italie, adressant aux divers papes d'utiles encouragements, de vigoureuses remontrances, et même quelquefois d'âpres censures [390-5]. Il fallut contraindre Pierre Damien, sous peine d'excommunication, d'accepter la dignité de cardinal, et il y débuta par une sévère exhortation à ses collègues sur la décadence de la discipline ecclésiastique [391-1]. Mais les heures qu'il passait avec les papes et les empereurs lui semblaient aussi inutiles que celles qu'on emploierait à écrire sur le sable [391-2]. Son âme avait soif du ciel, et il attendait impatiemment le jour du triomphe des saints, qu'il a chanté en vers admirables [391-3]. Dans son impatience de mourir au monde, il n'aspirait qu'à la retraite, « laquelle lui était due, disait-il, comme le repos à un vieux soldat [391-4]. » Mais l'actif Hildebrand l'envoyait sans cesse, en qualité de légat, à Milan, en France, en Allemagne, le forçant à combattre, jusqu'à son dernier soupir, la simonie, le désordre des mœurs, l'oppression laïque [391-5]. Pierre obéissait toujours, mais non sans protester, à l'homme qu'il appelait l'immuable colonne du Siège apostolique [392-1].
pp. 392-393
On a essayé d'interpréter certains passages de la correspondance du grand saint de manière à y découvrir des symptômes d'opposition contre Hildebrand. Rien n'est moins fondé. Le grand évêque ne se plaignait que d'une chose, de la violence que lui faisait Hildebrand, en l'obligeant à rester au milieu des luttes publiques et au faîte du gouvernement ecclésiastique, tandis qu'il soupirait toujours après la paix de la solitude. C'est dans ce sens seulement qu'on doit entendre les passages où Pierre appelle Hildebrand un tyran, une espèce de saint satanesque, de pape divin, et le souverain de cette Rome où il fallait obéir au maître du pape plutôt qu'au pape lui-même [392-2]. Du reste, Pierre s'élevait avec encore plus de vigueur et de passion que Hildebrand lui-même contre les affreux désordres du clergé italien [393-1]. L'unité de leurs vues et de leurs efforts était complète, et Damien pouvait, à bon droit, en écrivant à son illustre ami, se rendre le curieux témoignage que voici :
« Dans tous tes combats, dans toutes tes victoires, je me suis jeté à ta suite, non pas seulement comme un compagnon d'armes ou un écuyer, mais comme un foudre de guerre : ta volonté a tenu lieu, pour moi, de l'autorité des canons ; j'ai toujours jugé, non pas d'après mon impression, mais d'après tes désirs De plus, avec quelle bénédiction ton nom n'a-t-il pas été prononcé par ma bouche ! Demande-le au seigneur de Cluny ( cest-à-dire à l'abbé Hugues ). Disputant un jour avec lui sur ton compte : Il ne sait pas, me disait-il, avec quelle douce tendresse tu l'aimes ; s'il le savait, il brûlerait pour toi d'un incomparable amour [393-2]. »
pp. 393-394
L'horreur qu'inspiraient alors la simonie et l'incontinence des prêtres aux âmes pures et ferventes, eut pour résultat de peupler les nouveaux monastères d'Italie. C'est ainsi que saint Pierre Damien vit se ranger parmi les solitaires qui suivaient sa direction à Fonte Avellana, dans les montagnes de l'Ombrie, un pénitent que l'Église honore sous le nom de saint Dominique le Cuirassé [394-1]. Dominique avait embrassé la vie monastique afin d'expier la conduite de ses parents, qui avaient acheté son ordination par le don d'une belle fourrure [394-2]. Le souvenir de cette prévarication pesait tellement sur la conscience de l'homme de Dieu, qu'il ne consentit jamais à recevoir le sacerdoce [394-3]. Mais, par compensation, il s'imposait les pénitences les plus terribles, portait toujours sur la poitrine une sorte d'armure de fer et se condamnait à de longues et fréquentes flagellations dont le récit excitait l'admiration et redoublait la ferveur de ses contemporains. Saint Pierre Damien, qui nous a transmis l'histoire de Dominique le Cuirassé [394-4], le proclamait son maître, le reconnaissait pour un vrai philosophe de l'école du Christ [394-5], et, après la mort du saint, il le pleura comme la lumière de sa vie [394-6].
p. 395
Hidelbrand ne se laissait point absorber par sa participation si directe aux luttes de la papauté ; au milieu de ses missions comme légat, où il étonnait la France et l'Allemagne par un savoir et une éloquence admirables [395-1], il ne perdait pas non plus de vue ses devoirs de moine et d'abbé de Saint-Paul de Rome. Il introduisit la plus stricte réforme dans son abbaye, où de tels désordres s'étaient introduits, que des bestiaux entraient librement dans l'église, et que des femmes servaient les religieux au réfectoire [395-2].
Hildebrand, dont le pouvoir grandissait chaque jour, venait de se rendre, comme légat, auprès de l'impératrice régente, lorsque la mort surprit le pape Étienne X [395-3]. Peu de jours avant sa fin, le vénérable pontife, ayant convoqué les cardinaux et le clergé romain, leur avait dit tristement : « Je sais qu'après ma mort il s'élèvera, parmi vous, des hommes pleins d'eux-mêmes, qui chercheront à s'emparer de ce siège avec l'aide des laïques et en contradiction avec les décrets des saints Pères. »
p. 396
Il n'y eut qu'une voix pour protester et pour promettre au pape que les choses ne se passeraient pas ainsi. Peu de temps après, Étienne mourait entre les bras de l'abbé Hugues de Cluny, en suppliant les Romains de ne lui point donner un successeur avant le retour de Hildebrand [396-1].
pp. 396-397
Cependant la faction si longtemps oppressive des comtes de Tusculum s'était ranimée, et, malgré les efforts de Pierre Damien, elle avait réussi à placer un intrus de leur famille, Benoît X, sur le trône pontifical. Si ce candidat avait pu se maintenir, la papauté n'aurait échappé au joug impérial que pour devenir la proie de la haute aristocratie romaine par un mouvement inverse à celui qui, sous les Ottons et Henri III, n'avait dérobé l'Église aux passions patriciennes que pour l'asservir à la politique des empereurs. Hildebrand ne pouvait consentir ni à l'une ni à l'autre de ces ignominies. Il sut, en cette occasion, employer une dernière fois l'autorité impériale contre les barons. À la nouvelle de la mort d'Étienne X, il revint en Italie ; mais, s'arrêtant en Toscane, et d'accord d'une part avec la régente Agnès et les seigneurs allemands, de l'autre, avec les Romains orthodoxes, il fit élire à Sienne Gérard de Bourgogne [396-2], évêque de Florence sous le nom de Nicolas II. L'intrus ne put pas résister à ce double ascendant : il rentra dans l'obscurité, et l'Église fut délivrée pour toujours de l'influence abusive de cette maison de Tusculum, d'où tant de papes indignes ou médiocres étaient sortis.
pp. 397-398
Sous le pontificat de Nicolas II, l'autorité de Hildebrand ne fit que s'accroître [397-1]. Il en profita pour faire consacrer solennellement les résultats déjà obtenus, et cela par une mesure dont sept siècles ont confirmé la sagesse. Un concile de cent treize évêques, tenu à Rome [397-2], renouvela les condamnations antérieures contre les simoniaques et les prêtres mariés ; et, pour mettre à l'abri de ce mal rongeur [397-3] l'Église mère et maîtresse, il ordonna qu'à l'avenir l'élection du pontife romain serait exclusivement confiée aux cardinaux, sauf les respectueux égards dus au futur empereur Henri et à ceux de ses successeurs qui auraient obtenu personnellement du Saint-Siège le droit d'y intervenir [398-1]. Ce respect était, certes, bien différent de la soumission servile et absolue que l'empire exigeait naguère ; et, pourtant, on ne devait pas en rester là.
pp. 398-399
Parmi les signatures du décret de Nicolas II figure celle de Hildebrand, moine et sous-diacre [398-2], et ce n'est pas trop s'avancer que de lui en imputer la responsabilité. Un autre décret du même concile, et non moins important, dispose que, dans le cas où quelqu'un serait élevé sur le siège de Rome sans élection canonique de la part des cardinaux et du clergé, à prix d'argent, ou par faveur humaine, ou par violence populaire et militaire, cet élu sera tenu, non pour apostolique, mais pour apostat [398-3], et qu'il sera loisible aux clercs et aux laïques fidèles d'expulser l'intrus par l'anathème ou par tout autre moyen et de le remplacer par le plus digne, même en dehors de Rome, en l'investissant de la pleine autorité apostolique pour gouverner l'Église, même avant toute intronisation [399-1]. On le voit, il n'est plus question de sanction impériale dans ce second décret, où le pape et les pères du concile semblaient avoir voulu, par un instinct prophétique, s'opposer à l'avance aux efforts du clergé simoniaque, concubinaire et impérialiste pour se donner des papes à leur convenance, comme ils le firent dans les élections schismatiques des antipapes Gadaloüs et Guibert de Ravenne.
pp. 399-400
Dans ce même concile, la règle des chanoines et chanoinesses, quoique observée presque partout, depuis plus de deux cents ans, fut abrogée [399-2] sur la proposition de Hildebrand, parce que, depuis les changements introduits sous l'empereur Louis le Débonnaire, au concile de 817, cette règle autorisait le pécule. Louis fut lui-même blâmé, dans le décret du concile, d'avoir changé une institution ecclésiastique sans le consentement du Saint-Siège, parce que, tout empereur et pieux qu'il fût, il n'en était pas moins un laïque [400-1].
Le parti impérial, qui comptait beaucoup d'adhérents parmi les évêques simoniaques, ne pouvait qu'accueillir avec irritation un décret qui réservait exclusivement aux cardinaux l'élection du pape : ils qualifièrent donc d'innovation cette loi que leurs adversaires et l'Ordre Monastique tout entier considéraient comme un retour nécessaire et heureux aux conditions régulières du gouvernement libre de l'Église catholique.
pp. 400-402
Cependant il fallait trouver les moyens de maintenir l'œuvre nouvelle dont s'inquiétaient chaque jour davantage les partisans et les instruments des anciens abus. Hildebrand comprit alors quelle force la papauté affranchie pourrait trouver, contre les rancunes de l'empire, dans les belliqueux Normands dont les exploits contre les Sarrasins et les Grecs schismatiques augmentaient sans cesse le renom et le pouvoir dans le midi de l'Italie. Il les avait vus garder fidèlement la promesse de soumission qu'ils avaient faite au pape Léon IX, leur prisonnier à Civitella, et, d'après cela, il avait donné à Nicolas II le conseil de se rapprocher d'eux, d'investir leur chef, Robert Guiscard, du titre de duc d'Apulie, moyennant le payement d'un tribut annuel, et, après serment de secourir la papauté contre tout ennemi, de lui soumettre toutes les églises concédées, et de concourir à défendre la libre élection des papes futurs [401-1]. Guillaume de Montreuil, issu de la race généreuse de Giroie, dont nous avons vu les pieuses largesses envers les abbayes normandes, fut proclamé gonfalonier du Saint-Siège, et il soumit à l'autorité pontificale tout ce qu'il y avait de schismatique en Campanie [401-2]. Nicolas se servit aussi du bras de ces preux pour extirper la simonie et le concubinage des prêtres dans le midi del'Italie [402-1]. Le vieux pontife méritait, du reste, par sa pieuse humilité, que ses efforts attirassent sur sa tête les bénédictions du ciel : tous les jours il lavait lui-même les pieds de douze pauvres, et cette douce et miséricordieuse charité n'excluait nullement la fermeté, car, à sa mort, après deux ans de pontificat, il laissa à l'Église, avec le souvenir de ses rares vertus, des moyens de défense plus énergiques qu'elle n'en avait jamais possédé jusqu'alors [402-2].
Autant de papes nouveaux, autant de crises dangereuses qui auraient dû compromettre et anéantir l'œuvre de Hildebrand, si sa constance eût été moins énergique et la protection d'en haut moins persistante. Il arriva, au contraire, que chaque élection contribua soit à enraciner son autorité, soit à augmenter ses forces.
pp. 402-403
À la mort de Nicolas II, les cardinaux, en exécution des décrets du dernier concile, adressèrent un rapport à la cour impériale ; mais Gérard, moine de Cluny, qu'ils y avaient envoyé, n'ayant pas été reçu, ils passèrent outre, sur l'avis de Hildebrand et de l'abbé Didier du Mont-Cassin. Leur choix se fixa sur un personnage qu'on supposait devoir être le plus agréable à la cour impériale, mais qui, en même temps, offrait les plus sérieuses garanties à l'Église : ils proclamèrent Anselme de Badagio, évêque de Lucques, d'une illustre maison milanaise et ancien disciple de Lanfranc à l'abbaye normande du Bec [403-1]. Anselme s'était signalé comme légat en Lombardie par son zèle contre les simoniaques et les nicolaïtes, et il devait régner douze ans, sous le nom d'Alexandre II [403-2].
pp. 403-405
Les évêques lombards, ces taureaux indomptables, comme les appelle un contemporain, toujours les plus favorables à la simonie, toujours les plus hostiles à l'indépendance de Rome, avaient résolu de ne plus accepter pour pape qu'un homme de leur pays et qui sût compatir à leurs faiblesses [403-3] : mais leur tentative échoua. En vain persuadèrent-ils à la régente Agnès et à son conseiller de consentir à l'élection d'un antipape, en la personne de Cadaloüs [404-1], chancelier de Henri III, et dont la vie scandaleuse offrait tous les gages possibles à la cause des simoniaques et des anticélibataires ; en vain cet antipape réussit-il à s'assurer l'appui de l'Allemagne et des impérialistes italiens, et l'alliance du César de Constantinople [404-2] ; en vain obtint-il le concours de la majorité des évêques allemands et celui des prêtres mariés [404-3] ; l'Église était déjà assez forte pour résister et pour vaincre, même par les armes. Guidé par Hildebrand, qu'il avait nommé, dès son avènement, chancelier de la sainte Église, soutenu par le Mont-Cassin, par Cluny, par l'épée des Normands, Alexandre l'emporta, et il mérite d'être signalé par la postérité comme le pape à qui l'Église, longtemps asservie, doit d'avoir reconquis son antique liberté [404-4]. Le sage et saint Hannon, archevêque de Cologne, après avoir enlevé l'administration de l'empire à la régente Agnès et à son indigne favori, Adalbert, archevêque de Brême, se prononça dans le concile d'Ausbourg pour le pape légitime, grâce au savant plaidoyer de Pierre Damien [405-1], surnommé à juste titre par Alexandre II « l'œil de la papauté et l'inébranlable appui du siège apostolique [405-2] ».
De toutes parts, l'esprit catholique se ranimait ; le nombre des fidèles s'augmentait, et leur zèle s'enflammait de plus en plus contre le clergé simoniaque et concubinaire [405-3]. C'était là l'œuvre particulière des moines. Partout et toujours, il faut le répéter, ces admirables auxiliaires, à l'instar de Hildebrand et de Pierre Damien, intervenaient avec autant d'énergie que de dévouement dans la lutte qui devait sauver la liberté et la pureté del'Église. Ils comprenaient bien que cette cause était inséparable de la sainteté et de la durée de leur propre institut.
pp. 405-409
Ce furent les moines du nouvel ordre de Vallombreuse, ayant saint Jean Gualbert à leur tête, qui mirent un frein à l'empire de la simonie en Toscane, par l'opposition qu'ils soulevèrent contre l'évêque simoniaque Pierre de Pavie. Les religieux du même ordre, à Florence, avaient été, la nuit, assaillis par les gens armés de l'évêque, battus, dépouillés, blessés, mutilés. Accusés à Rome, blâmés par saint Pierre Damien lui-même, poursuivis avec acharnement par l'épiscopat, menacés de mort par le duc Godefroy de Toscane, ils ne trouvèrent d'appui que dans Hildebrand [406-1]. Mais ils n'hésitèrent point à continuer la lutte et ils finirent par l'emporter, grâce au dévouement de l'un d'eux, Pierre, qui subit l'épreuve du feu, en passant à travers deux bûchers enflammés, afin de démontrer la culpabilité de l'évêque [406-2]. Le peuple florentin fut convaincu ; l'évêque déposé se convertit ; et, par un admirable retour sur lui-mêmes, il se fit moine à Vallombreuse, parmi ceux-là mêmes qui l'avaient poursuivi avec tant d'acharnement, tandis que l'héroïque Pierre devenait évêque d'Albano et cardinal, sous le nom immortalisé de saint Pierre Ignée. On ne saurait donc s'étonner de la faveur particulière que le pape Alexandre II témoigna toujours aux moines. Le généreux pontife, tandis que ses propres droits étaient contestés à Rome, défendait héroïquement les privilèges de Corbie contre l'évêque d'Amiens, ceux de Saint-Denis contre l'évêque de Paris [407-1], ceux de Saint-Michel de Cluse contre l'évêque de Turin [407-2], et, en la même année, exemptait l'abbaye de la Trinité de Vendôme de toute juridiction épiscopale, à la prière de l'évêque diocésain lui-même [407-3]. Ce fut Nicolas II qui mit définitivement un terme aux persécutions incessantes de l'évêque de Mâcon contre Cluny [407-4], et qui déclara ce sanctuaire à l'abri de tout interdit ou excommunication épiscopale, afin qu'il fût, pour tous et en toute circonstance, un port de salut et de miséricorde [407-5]. Le saint-père étendit en outre à toutes les abbayes dépendantes du Mont-Cassin les grandes exemptions dont jouissait l'illustre monastère, et assura ses immunités et ses vastes possessions contre les entreprises épiscopales, en les replaçant sous ce qu'on nommait alors la liberté tutélaire de Rome [408-1]. En 1071, Nicolas dédiait lui-même l'église de la mère abbaye, récemment construite avec magnificence par les soins de l'abbé Didier, en même temps que s'élevait à Cluny, sous l'inspiration de l'abbé Hugues, la plus grande église de la chrétienté. Le pape voulut célébrer lui-même l'imposante cérémonie, assisté par Hildebrand, en présence de cinquante-quatre archevêques ou évêques, de nombreux seigneurs normands et italiens, et d'une immense population, qui couvraient les flancs de la sainte montagne et les campagnes environnantes [408-2]. Toute cette foule fut nourrie et hébergée par la splendide générosité du grand monastère, auquel le pape, dans une bulle relative à cette dédicace, décernait le titre de ce gymnase normal de la règle monastique, fondé par le très saint père Benoît, en vertu non pas d'un désir humain, mais d'un ordre exprès de Dieu [409-1] ».
pp. 409-410
Cette vénération professée pour la grandeur monastique s'unissait naturellement, dans l'âme d'Alexandre II, comme dans celle de Hildebrand, au respect scrupuleux des droits de l'Église romaine. C'est pour cela que, après la conquête de l'Angleterre par les Normands, Lanfranc, le premier Normand placé sur le siège primatial de Cantorbéry, était sommé par Hildebrand de venir prendre le pallium à Rome, selon un antique usage tombé en désuétude depuis 1027. Lanfranc s'empressa d'obéir, et, en le voyant s'avancer, le pape se leva, pour lui faire honneur, en disant : « Ce n'est pas parce qu'il est archevêque que je me lève, mais parce que, à l'abbaye du Bec, j'étais assis à ses pieds, avec les autres écoliers [410-1] ».
pp. 410-413
Cependant l'Allemagne était devenue le foyer des envahissements de la puissance temporelle à rencontre du gouvernement de l'Église. Les libertés et la régularité des monastères, aussi bien que les droits et les privilèges des laïques, y avaient été scandaleusement foulés aux pieds, sous l'administration de l'archevêque Adalbert de Brême. Mais de plus grands maux encore suivirent la majorité du jeune roi Henri IV, livré, de bonne heure, à tous les excès. Le dernier acte de la longue carrière de Pierre Damien, comme légat apostolique, fut d'amener une réconciliation temporaire entre Henri et sa femme Berthe, qu'il voulait répudier sans autre motif qu'une répulsion insurmontable. Pierre déclara catégoriquement au jeune roi que jamais le pape ne consentirait à déférer la couronne impériale au prince qui aurait donné un tel scandale [410-2]. Ici, comme toujours, comme en tous pays, la rupture de l'Église avec la royauté eut pour origine, ou du moins pour occasion, la protection étendue par le Saint-Siège sur les droits d'une femme innocente et indignement persécutée. Mais ce n'était pas le seul grief de l'Église et des Allemands contre Henri IV. D'accord avec Sigefroi, archevêque de Mayence, le prince prétendait soumettre à la dîme et la Thuringe et les possessions des abbayes de Fulde et de Hersfeld, au mépris de droits qui remontaient à l'introduction même du christianisme en Germanie. Les Thuringiens, dont les intérêts étaient d'accord avec ceux de leurs moines, essayèrent d'abord de résister, mais subirent la plus cruelle oppression. De leur côté, les Saxons, pillés, vexés, outragés dans l'honneur de leurs femmes, par les garnisons des châteaux construits d'après l'ordre du jeune roi, frémissaient sous un joug jusqu'alors inconnu, et ils avaient résolu de le briser. Les princes les plus puissants de l'empire, tels que les ducs de Bavière et de Carinthie, étaient eux-mêmes l'objet de calomnieuses accusations, poursuivis à outrance et dépouillés de leurs fiefs, selon le caprice du roi. Les plaintes et l'indignation du peuple allemand redoublaient de violences [411-1], et Henri IV eut à se féliciter d'avoir pris la précaution d'interdire aux Thuringiens, sous peine de mort, d'en appeler à Rome [411-2]. Mais on n'arrêtait pas facilement alors le cri de la justice opprimée. Alexandre II l'entendit, ce cri, et il se sentit assez fort pour agir : il excommunia les conseillers perfides qui abusaient de la jeunesse de Henri IV, et somma le prince de comparaître devant lui. Mais Dieu rappela le pape de ce monde avant que la guerre eût éclaté dans toute sa violence. Alexandre II put donc mourir sans avoir à craindre de voir dégénérer l'œuvre qu'il avait si noblement commencée. Ses obsèques n'étaient pas encore terminées, que déjà la voix unanime du clergé et du peuple romain appelait Grégoire VII acclamé pape à couronner l'entreprise du moine Hildebrand. Ce dernier, on s'en souvient, avait plus d'une fois refusé la papauté [412-1] ; il désirait vivement laisser à d'autres l'honneur du commandement, tout en consentant à partager, au second rang, la responsabilité de la lutte. Mais Dieu et le peuple romain en jugèrent autrement. Pendant que Hildebrand présidait aux funérailles solennelles du pontife défunt, un mouvement unanime et irrésistible se manifesta parmi le clergé et les fidèles, qui, d'une commune voix, déclarèrent qu'ils le voulaient pour pape. Surpris et effrayé par ces clameurs populaires, Hildebrand voulut monter en chaire pour calmer le tumulte et détourner l'assemblée de sa résolution ; mais il fut devancé par un cardinal [413-1], qui parla de la sorte : « Vous savez, mes frères, que, depuis le temps du pape Léon, c'est Hildebrand qui a exalté la sainte Église romaine et qui a délivré la cité. Or, comme nous ne saurions trouver un meilleur ni même un pareil candidat, choisissons-le pour pape, à l'unanimité, lui qui a été ordonné dans notre église et dont nous connaissons et approuvons tous les actes [413-2]. »
Aussitôt des acclamations formidables firent retentir l'église de Latran, et l'on cria : Saint Pierre a élu pape le seigneur Grégoire !
pp. 413-416
Couronné et intronisé, malgré ses larmes et ses gémissements [413-3], Hildebrand espéra quelque temps pouvoir échapper au fardeau qu'il redoutait [414-1]. En effet, le jeune roi d'Allemagne, le futur empereur Henri IV, n'avait été, en aucune façon, consulté sur cette élection, dont les évêques corrompus du royaume demandaient l'annulation, en représentant au prince les dangers dont le menaçait un homme du caractère de Hildebrand [415-1]. De son côté, le pape désirait que sa consécration fût différée jusqu'après acquiescement du roi et des seigneurs allemands à son élection ; il avait même écrit à Henri pour le supplier de refuser son consentement, et pour lui déclarer qu'une fois pape, il ne laisserait point impunis les excès auxquels le roi s'abandonnait [415-2]. Mais Henri, se contentant de l'espèce de déférence de Hildebrand, approuva l'élection de celui qui devait anéantir à jamais sa prérogative usurpée [415-3]. Cependant Henri, depuis longtemps, avait pu connaître et apprécier, avec toute la chrétienté, le grand homme qu'il allait avoir pour adversaire. Depuis longtemps, les yeux du monde étaient fixés sur Hildebrand, qu'amis et ennemis s'accordaient à reconnaître pour le plus énergique représentant de l'autorité du Saint-Siège et de la majesté romaine. Voici, du reste, quelques vers adressés au premier ministre d'Alexandre II par un moine du Mont-Cassin, Alfano, devenu plus tard archevêque de Salerne. Ils expriment bien l'opinion des catholiques du temps, et, de plus, ils font comprendre comment s'alliaient, dans l'esprit des moines, les grandeurs chrétiennes de l'Église mère et maîtresse avec les éclatants souvenirs de cette Rome païenne, que la Rome des papes pouvait seule remplacer et surpasser :
pp. 416-418
« Tu sais, Hildebrand, quelle est la gloire réservée à ceux qui se dévouent à la chose publique. La voie Sacrée, la voie Latine, et le sommet illustre du Capitole, ce trône de l'empire, sont là pour te servir d'enseignements [416-1]. Aussi, ne reculeras-tu ni devant le labeur le plus rude, ni devant la fraude la plus perfide ; tu ne crains pas le venin caché de l'envie, plus dangereux que la peste aux gens de bien et qui n'est mortel que pour eux. Mais cette haute science du bien et de l'honnête, que tu professes, t'a prouvé qu'il vaut mieux inspirer l'envie que la ressentir. Le droit est toujours du côté de ton jugement ; la rare énergie de ton cœur, ta noble vie dévouée tout entière à la poursuite du bien, fournissent à ton génie et la vigueur et les armes qu'il emploie [417-1]. Grâce à toi, Rome redevient la reine des villes. Grâce à toi, Rome redevient juste : et la barbarie, toute fière qu'elle est de ses royales généalogies, s'arrête et tremble devant toi. Armé de ton génie et du glaive flamboyant de l'archi-apôtre Pierre, va dompter la cruauté et briser la violence des barbares, et fais-leur sentir, jusqu'à leur dernier jour, le poids du joug antique [417-2]. Oh ! qu'elle est grande, la force de l'anathème ! Tout ce que Marius, tout ce que César n'ont pu achever qu'au prix du sang de tant de soldats, toi, tu le fais avec une simple parole ! À qui Rome doit-elle le plus, aux Scipions et à ses autres héros, ou bien à toi dont le zèle a reconquis à la cité sa juste puissance ? À eux, pour avoir comblé de biens leur patrie, à eux de jouir, dit-on, de la paix perpétuelle dans une région lumineuse [418-1]. Mais à toi, bien autrement grand qu'eux, à toi de vivre dans une éternelle gloire, et de monter au rang de Pierre et de Paul, tes concitoyens [418-2].
[372-1] Qui porte aujourd'hui le nom de prieuré de Malte.
[372-2]. Potens in litteris ac biglossus, græce noverat et latine. S. Petr. Dam., in Vita S. Odil. Bibl. Cluniac, p. 528. Quorum uterque animus conglutinabatur individui amore spiritu. Gotsadus, in Vita ejusd., l. 1, c. 44.
[372-3]. Victrix causa diis placuit, sed vida Catoni, dit Otton de Frisingue ( VI, 55 ) ; à cette occasion, il ajoute que Hildebrand, devenu pape, prit le nom de Grégoire VII par amour pour le pontife déposé et comme pour protester contre l'injustice de sa déposition. Du reste Grégoire VI, que Bonizo qualifie d'idiota et vir miræ simplicitatis avouait l'emploi de sommes d'argent dépensées pour assurer son élection
[372-4]. Bonizo, p. 802 805.
[372-5]. Paul Bernried, Vita, cap. 1, dit expressément qu'après sa première éducation par son oncle, au Mont-Aventin, jam adolescentiam ingressus, profectus est in Franciam, domiturus inibi carnis petulantiam et molestia peregrinationis et instantia eruditionis, et qu'il ne revint à Rome qu'au bout de quelques années. Le bon résultat d'un tel voyage ne pouvait évidemment être obtenu que dans un monastère, et les nombreux traits que divers auteurs ont rapportés sur les relations de Hildebrand avec Cluny permettent de conclure que ce fut là qu'il séjourna pendant sa première absence ( Act. SS. Ord. Ben., t. IX, p. 407 ). C'est l'avis de Papebroch, l. c, p. 107, qui fixe, avec beaucoup de justesse, la date des excursions de Hildebrand en France, la première dont nous venons de parler, pendant sa jeunesse, et la seconde après la déposition de Grégoire. Quant au second voyage, il est clair qu'il embrasse tout l'intervalle entre cette déposition et l'avènement de Léon IX, puisque Grégoire VII dit de lui-même ( in Conc. Rom. VII, ad ann. 1080 ) : Invitus ultra montes cum domino papa Gregorio abii ; sed magis invitus cum domino papa Leone ad vestram specialiter ecclesiam redii.
[373-1]. Cluniacum, ubi forte Hildebrandus prioratus ut dicitur obedientiam administrabat. Otton. Frising., VI, 33, confirmé par Duchesne, in not. Bibl. Cluniac. Mabillon, Ann. I, 58, n. 113, dit qu'il n'a trouvé aucune preuve de l'exercice de ces fonctions par Hildebrand ; et Papebroch, l. c, pense qu'il était alors trop jeune ; mais il oublie que Cluny, à la même époque, élisait pour abbé un homme de vingt-cinq ans, S. Hugues, antérieurement prieur, et que Hildebrand n'était pas moins âgé que ce dernier, si, comme l'établit le savant hagiographe, sa naissance date de 1020 environ. Il nous semble donc que Hildebrand a dû être revêtu de cette charge, dans l'intervalle très court écoulé entre l'élection de saint Hugues, qui était prieur sous Odilon, et l'arrivée du pape Léon IX, c'est-à-dire pendant le mois de janvier 1049, S. Odilon étant mort le 1er janvier, et Léon IX avant été intronisé à Rome le 15 février.
[374-1]. Paul Bernried, c. 4.
[374-2]. Voir la curieuse légende ( incompatible du reste avec l'âge des deux personnages ) relative aux disputes du jeune Hildebrand, pendant qu'il était à la cour de Henri III, avec le fils du roi, depuis Henri IV, le songe de l'impératrice, etc., dans l'Annalista Saxo, ann. 1074, ap. Pertz, t. VI, p. 702.
[374-3]. Schöpflin, Alsatia illustrata, p. 474. Höfler, Die Deutsche Päbste, II, 1, 3.
[374-4]. C'est Otton de Frisingue qui place le lieu de cette entrevue décisive à Cluny. « Cumque assumpta purpura pontificali per Gallias iter ageret, contigit eum Cluniacum venire… Is ( Hildebrandus ) Leonem adiens semulatione Dei plenus… redarguit, illicitum esse inquiens, per manum laicorum summum pontificem ad totius Ecclesiæ gubernationem violenter introire. Verum si suis se credere velit consiliis, utcumque, et quod majestas imperialis in ipso non exacerbetur, quodque libertas Ecclesiæ in electione canonica renovetur, se pollicetur effecturum. Inclinans ille ad monitum ejus, purpuram deponit, peregrinique habitum assumens ducens secum Hildebrandum iter carpit. » Lib. VI, c. 33. Cette version a été adoptée dans les leçons de la fête de saint Grégoire VII, au Bréviaire romain, et suivie par la plupart des historiens. Mais Bonizo, qui est, selon Stentzel, le plus exact des auteurs contemporains, semble indiquer que l'entrevue eut lieu à Besançon ; il dit que l'abbé de Cluny, ayant voulu aller au-devant du nouveau pape, Hildebrand cœpit rogare patrem ne illo tenderet, dicens eum non Apostolicum sed Apostaticum qui jussu imperatoris Romanum conaretur arripere pontificatum. L'abbé saint Hugues n'en alla pas moins à Besançon et hæc venerabili episcopo ( Brunoni ) intimavit. Il n'est pas dit expressément que Hildebrand l'eût accompagné ; mais le pape demanda à le voir : quod et factum est, ajoute Bonizo, sans dire si ce fut à Besançon ou à Cluny. V. Liber ad amicum, ap. Œfele, Script, rer. Boïcar., II, 803. — Brunon de Segni, dans sa Vie de Léon IX ( Bib. Max. Patr., XX, p. 1730 ), croit au contraire que ce fut à Worms que Hildebrand persuada à Léon de prendre ce parti. C'est l'avis qu'a suivi Mabillon, I, 58, n. 113. — Quoi qu'il en soit, toutes les autorités démontrent l'influence qu'avait prise Hildebrand sur le nouveau pape, avant de se rendre avec lui en Italie, en passant nécessairement par Besançon et Cluny. V. Act. SS. Bolland,, p. 109.
[375-1]. C'est ce que prouvent ses dernières paroles, que nous citerons plus loin.
[376-1]. Voir les détails de cette réélection dans Bonizo, p. 805.
[376-2]. Quem ab abbate, multis precibus vix impetraverat. Bonizo, l. c.
[376-3]. Ejusdem Hildebrandi consilio omnia in itinere et in hac civitate fecit. MS. de Vita Pontif., ap. Bolland., l. c. Cujus consilio synodum inox congregavit. Bonizo, l. c.
[377-1]. Tunc fortis armatus, qui in multa pace custodierat atrium suum, sensit se obligatum….. Hæc synodus gladium in viscera mersit inimici…. Bonizo, l. c.
[377-2]. Quod audientes episcopi, primo quidem veritati non volentes resistere tacuere ; postea vero, suadente humani generis inimico, inobedientes celavere. Bonizo, Episcop. Sutriensis deinde Placentin., p. 805.
[377-3]. Voir le très curieux récit de ce concile dans l'Historia dedicationis ecclesiæ S. Remigii, apud Baron., Annal., in Append. ad 1049 ; Mabill., Act. SS. O. B., t. VIII ; Coletti, Concil., t. XI, p. 1597.
[377-4]. Tels étaient, à en juger par les sentences rendues dans le concile, les comtes Enguerrand et Eustache, Geoffroy d'Anjou, Hugues de Brame et Thibaut de Blois.
[378-1]. On retrouve, chez les conseillers du roi Henri Ier, les arguments à peine rajeunis de nos légistes modernes : « Regi suggerunt regni sui decus annihilari, si in eo Romani pontificis auctoritatem dominari permitteret… Addunt quod nullus antecessorum ejus id reperiatur aliquando concessisse ut ob similem causam in Franciæ urbes ingressus pateret alicui papæ. » Hist. dedicat., p. 1400. — Cependant le roi n'osa point énoncer publiquement ces objections : il se borna à convoquer les évêques et l'abbé de Saint-Remy ( dans l'église duquel le concile devait avoir lieu ) à une expédition contre des seigneurs insurgés.
[378-2]. Hist. dedicationis ecclesiæ S. Remigii, l. c.
[378-3]. L'évêque de Langres, accusé et convaincu de crimes horribles, celui de Nantes, de Coutances et de Nevers. Ibidem, et Act. SS. O. B., t. IX, in Vita S. Leon., l. XI, c. 4.
[379-1]. Ne quis sine electione cleri et populi ad regimen ecclesiasticum proveheretur. Can. 1, ap. Coletti, Concil., t. XI, p. 1411.
[379-2]. Döllinger, Lehrbuch, t. II, p. 9.
[379-3]. Au concile de Rome, en 1050.
[379-4]. Jamque scatebat omnis Gallia ejus doctrina per egenos scolares, etc. V. Continuat. Bede, ap. Commelin, III, c. 27. — On sait que Bérenger mourut, comme plus tard Abailard, après avoir donné toutes les marques d'une pénitence sincère, et après avoir regagné l'estime de plusieurs des personnages les plus orthodoxes de son temps.
[380-1]. Orderic Vital, l. I, p. 372.
[380-2]. Parmi les autres monastères qui lui durent la confirmation de leurs privilèges ou la revendication de leurs droits, on remarque Nonantule, Cluny, Stavelot, S.-Remy de Reims, S.-Augustin de Cantorbéry, S.-Vannes de Verdun, Andlau, Remiremont, Corbie. S.-Victor de Marseille, le Mont-S.-Odile, S.-Maximin de Trêves, Sainte-Sophie de Bénévent. Les actes officiels sont indiqués dans Höfler, Deutsche Päbste, t. II, passim.
[380-3]. Chron. Cassin., I, 2. Act. SS. O. B., t. IX, p. 582.
[380-4]. Wiberti, Vita S. Leonis, in Act. SS. O. B., t. IX, p. 75.
[381-1]. Leo Benevent., De obit. S. Léon., in Act. SS. O. B., t. IX, p. 81 82.
[382-1]. Léo Benevent., De obit. S. Léon., in Act. SS. O. B., t. IX, p. 81-82.
[382-2]. Ibid., p. 85.
[382-3]. Bonizo, l. c, p. 804.
[383-1]. Ziegelbauer, Hist. rei lit. O. S. B., pars I, c. 1, p. 45.
[384-1]. Voir, entre autres, Fleury, Rourdacher et l'abbé Jager, Cours d'histoire ecclésiastique, 19ème leçon, dans l'Université catholique, t. XVIII.
[384-2]. Frédéric, lui, n'embrassa la vie religieuse qu'à son retour de Constantinople. Ils eurent pour collègue, dans leur légation, Pierre, archevêque d'Amalfi.
[385-1]. Il est inséré dans l'appendice du tome XI des Annales de Baronius.
[385-2]. Chron. Cassin., l. II, c. 98.
[385-3]. Mabillon, Ann., l. LXX, c. 114;. Pierre ne mourut qu'en 1105 et fut canonisé par Pascal II.
[385-4]. Cum persensisset ven. Hild. Romanum clerum et populum in ejus consensisse electionem, vix multis lacrymis et supplicationibus potuit impetrare… Bonizo, p. 804.
[386-1]. Au concile de Mayence en novembre 1054, selon Stentzel, dans son excellente table chronol., à la fin de l'Hist. des emper. franconiens, II, 254.
[386-2]. Id fuit in Victoris II electione singulare quod unius Hildebrandi suffragio Romanam sedem adeptus est. Id enim Hildebrandi in Ecclesiam meritis ab universo clero datum est, ut quem ex imperatoris consensu elegisset ejus rata esset electio. Cantelius, Met. urb. hist., II, 4, ap. Bowden, Life of Greg. VII, I, 175.
[386-3]. Telle est la version de tous les historiens, et notamment du continuateur d'Hermann Contract., ann. 1054 ; de Bonizo, p. 804 ; de Léon d'Ostie, in Chron. Cassin., II ; cette version a été adoptée par Fleury, Mabillon, Höfler, et l'on ne conçoit pas comment Stenzel ( Gesch. der frank. Kaiser., I, 162 ) a préféré au témoignage des auteurs contemporains, dont il a fait un si juste éloge ( I, 158, et II, 72 ), le récit si improbable de Benzo, dont il a lui-même dénoncé les mensonges grossiers, II, 80-88. Voir aussi Voigt, p. 31. — Gérard était fils du comte Hartwig de Calw en Souabe, et parent assez éloigné de l'empereur.
[387-1]. La chronique du Mont-Cassin dit qu'il n'aima plus les moines à partir de ce moment, et a cause de la violence que lui avait faite le moine Hildebrand en lui imposant la papauté. Liv. II, c. 89, ap. MURAT., t. IV.
[387-2]. Bonizo, l. c.
[387-3]. Les simoniaques essayèrent de l'empoisonner dans le vin de la communion. Lamb. Ascheffenb., ad ann. 1054.
[388-1]. S. Petri Damiani Epist ad Dominic., opusc XIX. Coletti, Concil., t. XII, p. 6. Baron., Ann. 1055. Hujus miraculi testis fuit abbas Hugo…. de quorum verborum certitudine dubitantem omnis Europa confretat. Guill. Malmesb., De gest. reg. Angl., l. III.
[388-2]. Le 5 octobre 1056, à trente-neuf ans.
[388-3]. Bonizo, Lib. ad amic., p. 805.
[388-4]. 28 juillet 1057.
[389-1]. Voir les détails de l'élection dans Léo Ostiens., Chron. Cassin., l. II, c. 97.
[389-2]. Cette promotion est attribuée par quelques auteurs à saint Léon IX, par Hugues de Flavigny à Nicolas II, par Baronius à Alexandre II. Bonizo dit formellement qu'elle fut l'œuvre d'Étienne.
[389-3]. Bonizo dit que Léon IX fit saint Pierre Damien cardinal ; mais son témoignage ne saurait prévaloir contre celui du biographe contemporain du saint. Cf. Act. SS. Bolland,, t. II, Febr. p. 411, 417.
[390-1]. Act. SS. O. B., t. IX, p. 256.
[390-2]. Vita Petri Damiani, in Oper. S. Petr., I, 111.
[390-3]. Ce fut lui qui introduisit le premier chez les moines l'usage, de l'office quotidien de la sainte Vierge.
[390-4]. À Fonte Avellana, en Ombrie, où la règle s'observait dans toute sa sévérité primitive. Cette abbaye, trois siècles plus tard, servit d'asile à Dante, qui y écrivit une grande partie de son poème. Beaucoup de monastères italiens se rangèrent graduellement sous l'autorité de Damien, sans toutefois former un ordre distinct ( comme Vallombreuse ou les Camaldules ), mais dans une union très intime. Mabill.,IV, 515.
[390-5]. Voir ses lettres et opuscules adressés à Grégoire VI, Clément II, Léon IX, Victor II.
[391-1]. Il y dit : Ecclesiastici siquidem genii ubique pene disciplina negligitur. Lib. II, ep. 1.
[391-2]. Opusc. XII, c. 30.
Ad perennis vitæ fontem
Mens sitivit arida,
Claustra carnis præsto frangi
Clausa quæret anima,
Gliscit, ambit, eluctatur,
Exul frui patria…
Nam et sancti quique, velut
Sol praælarus, rutilant,
Post triumphum coronati
Mutuo conjubilant,
Et prostrati pugnas hostis
Jam securi numerant.
in fine Operum, p. 785.
[391-4] Lib. I, ep. 9.
[391-5]. Ad mortem usque strenue decernavit, dit le Bréviaire romain du 23 Févr. Léon XII a rendu son culte obligatoire en lui donnant le titre de Docteur de l'Église.
[392-1]. Ep. II, 9.
[392-2]. Lib. I, ep. 10, aliter opusc. XX, c. 1 : Sed hic forte blandus ille condoluit : qui mecolaphizando demulsit, qui me aquilino ungue palpavit, querulus erumpet in vocem,… Sed hoc sancto satanæ meo respondeo, etc. P. 580, édit. de 1625.
Et dans ses œuvres poétiques :
Vivere vis Romæ, clara depromito voce :
Plus domino papae quam domno pareo papae.
Et ailleurs :
Papam rite colo, sed te prostratus adoro :
Tu facis hunc Dominum, te facit iste Deum.
[393-1]. Voir ce que nous avons dit plus haut du Liber Gomorrhianus de saint Pierre Damien.
[393-2]. Lib. II, ep. 8.
[394-1]. Loricatus. Il mourut en 1062.
[394-2]. S. Petr. Damian., de Vita S. Dominici, c. 6.
[394-3]. Ibid.
[394-4]. In Oper., p. 358-363, edit. 1623, fol., et Act. SS. O. B., t. IX.
[394-5]. Ibid., c. 7.
[394-6]. Saint Pierre fut averti, par un songe, qu'il allait devenir aveugle. II consulta son ami Hildebrand à ce sujet ; et celui-ci lui répondit : Familiaris tibi aliquis extinguetur, qui tibi et charus sit sicut oculus et lumen tuum et splendor in bonis operibus videatur. Trois jours après Pierre apprenait la mort de son cher Dominique. Ibid., c. 13.
[395-1]. Aderat ibi ( à Mersebourg, à Noël, 1057 ) inter alios regni principes etiam Hildibrant abbas de S. Paulo, mandata deferens a sede apostolica, vir et eloquentia et sacrarum litterarum eruditione valde admirandus. Gamb. Aschaf., ann. 1058.
[395-2]. Paul Benried, Vita S. Greg. VII, c. 1.
[395-3]. 29 mars 1058.
[396-1]. Leo Ostiens.,l. II, c. 100.
[396-2]. Leo Ostiens., l. III, c. 13. Lambert. Schafnab., ann. 1059.
[397-1]. C'est ce que démontrent entre autres les grossières invectives de l'évêque Benzon, qui s'adressent autant aux papes orthodoxes qu'à leur premier ministre Hildebrand : Tempore quidem Nicolai, quem velut asinum pascebat in stabulo…. postremo jurejurando ligavit illum miserrimum, quod nil ageret, nisi per ejus jussionis verbum. Ap. Menck, Script. Germ., 1, 1006-1063. Une autorité autrement respectable confirme le fond de ces données : S. Pierre Damien, comme on l'a vu, qualifie Hildebrand de Dominus papæ.
[397-2]. Avril 1059.
[397-3]. Ne venalilatis morbus subrepat.
[398-1]. Concil., Labb. et Cossert., éd. Coletti, t. XII, p. 50.
[398-2]. Hildebrandus, monachus et subdiaconus. Les signatures de tous les pères du concile existaient sur un exemplaire manuscrit de cette constitution à la Vaticane, du temps du P. Labbe. Concil., t. C, p. 57.
[398-3]. Si quis pecunia, vel gratia humana, vel populari seu militari tumultu, sine concordi et canonica electione et benedictione cardinalium episcoporum ac deinde sequentium ordinum religiosorum clericorum fuerit inthronizatus, non papa nec apostolicus, sed apostaticus habeatur, liceatque cardinal, episc. cum religiosis et Deum timentibus clericis et laicis, invasorem, etiam cum anathemate et humano auxilio et studio, a Sede Apostolica repellere.
[399-1]. Nostra auctoritate apostolica extra urbem congregati…. eligant quem digniorem et utiliorem Ap. Sedi perspexerint, concessa ei auctoritate regendi et disponendi res ad utilitatem S. R. E., secundum quod ei melius videbitur, juxta qualitatem temporis, quasi omnino inthronizatus sit. Concil. Coletti, t. XII, p. 46. Cf. Bonizo, Lib. ad amic., p. 806-807. Une clause analogue, quoique moins explicite, se trouve dans le décret qui réserve aux cardinaux l'élection. Ibid., 50. Il y a de bonnes réflexions sur ce point dans Alzog, Hist. univ. de l'Église, traduct. de MM. Goschler et Audley, t. II, p. 165.
[399-2]. L'espace nous a manqué pour raconter toutes les phases par où passa l'institut des chanoines réguliers, depuis sa fondation par Chrodegang, évêque de Metz, en 738. Nous avons dit que Louis le Débonnaire avait déjà été obligé de le réformer en 816. Il suffira de constater que toutes les tentatives faites pour concilier la vie commune avec la jouissance d'un revenu particulier, autorisé par la règle de Chrodegang, échouèrent successivement. Il arriva partout de trois choses l'une : ou les chanoines des cathédrales et des collégiales, qui avaient adopté la règle de Chrodegang, la laissèrent tomber en désuétude et redevinrent séculiers ; ou bien ils furent remplacés par des moines, ou enfin ils durent reconnaître le principe de la pauvreté évangélique et la communauté des biens. C'est ce qui eut lieu dans les abbayes de chanoines réguliers fondées ou réformées au onzième siècle, à partir du concile de Rome en 1065, et qui ne se distinguaient des abbayes bénédictines que par quelques différences sans importance.
[400-1]. Décret, ap. Gorch. Reichersperg., in Balluz., Miscell., t. V, 123, et Mabill., Annal., 1. LXI, n. 34.
[401-1]. Baron., Ann., ad ann. 1059.
[401-2]. Orderic Vital, l. III, p. 56, 87, éd. Leprevost. Cf. Chronique de Robert Viscar, l. I, c. 2, éd. Champollion.
[402-1]. Per eos citissime Romanam urbem a Capitaneorum tyrannide liberavit. Bonizo, 806. Cf. Guill., Apull., ap. Murat., Script., t. V,. p. 252.
[402-2]. Höfler, Deutsche Päbste, 358, 360. — On aime à voir à travers les siècles non seulement la doctrine et le pouvoir, mais l'esprit et le caractère, rester identiques chez les souverains pontifes. Léon XII, mort en 1829, faisait dîner douze pauvres au Vatican, tous les jours, depuis celui de son avènement jusqu'à celui de sa mort, et il allait souvent les servir lui-même. Artaud, Hist. de Léon XII, I, 358.
[403-1]. Vita Alex. II, in Concil. Labbe, éd. Venet., XII, 69. — Il était noble milanais, et s'appelait Anselme de Badagio.
[403-2]. 1er octobre 1061.
[403-3]. Bonizo, p. 807.
[404-1]. À Bâle, le 28 octobre 1061.
[404-2]. Benzo, Panegyr., II, c. 14. Stentzel, I, 210.
[404-3]. Clerici uxorati… amodo vocentur et Cadaloitæ. Sperant enim quia si Cadalous, qui ad hoc gehennaliter æstuat, universali Ecclesiæ Antichristi viæ præsederit, ad eorum votum, luxuriæ fræna laxabit. S. Petri Dam. Opusc. XVIII, diss. 2, c. 8. Tunc simoniaci cælabantur, concubinati vero sacerdotes ingenti exultabant tripudio. Bonizo, p. 807.
[404-4]. Ecclesiam jamdiu ancillatam in pristinam reduxit libertatem. Otto Frising., VI, 34.
[405-1]. Voir la discussion entre lui et un « regius advocatus » audit concile. Ap. Labbe, an. 1052, t. XII. Stentzel traduit avec raison le latin Osbor par Augsbourg, I, 230.
[405-2]. Epist. Alex. II ad Serv., arch. Remens.
[405-3]. Bonizo, p. 807.
[406-1]. Au concile de Rome, 1065. Pars maxima episcoporum Petro favebat, et omnes pene monachis erant adversi sed archidiaconus : Hildebrandus monachorum in omnibus auditor et defensor factus est. Vita S. Joann. Gualb., c. 61, in Act. SS. O. B., t. IX.
[406-2]. Vita S. Joann. Gualb., ubi supra.
[407-1]. En 1062.
[407-2]. L'archidiacre Hildebrand fut surtout utile à l'abbé de Cluse dans cette lutte. En plein concile, il réprimanda l'évêque en ces termes : « Quid est, episcope, quid loqueris ? ubi est sapientia tua ? Tuum ne dicis abbatem, tuique solius fore juris ? Qua auctoritate, quæso aut qua ratione tuum asseris ? Num possessio tua aut servus tuus est ? Itane sacri canones animo exciderunt tuo, » etc. Et comme l'évêque refusait de reconnaître l'abbé Benoît, élu sans son consentement, le pape le bénit et le consacra lui-même. Vita V. Bened., in Act. SS. O. B., t. IX, p. 700.
[407-3]. Bibl. Cluniac., p. 507-511. Mabill. Annal., l. LXII, n° 12. Au concile de Chalon, tenu à cette fin par S. Pierre Damien, légat d'Alexandre, l'évêque de Mâcon jura de respecter désormais les libertés de Cluny, et fit pénitence pendant sept jours au pain et à l'eau. Ibid.
[407-4]. En 1066.
[407-5]. Bullle du 10 mai 1067.
[408-1]. Sub tutela et Romana libertate. Bull. du 10 mai 1067.
[408-2]. S, Leo Mart., Chron. Cassin., 1. III, c. 30. Le Mont-Cassin, sous l'excellente administration de l'abbé Didier, de la maison des princes de Bénévent, avait repris son ancienne fécondité. Ce fut en cette même année 1071 qu'à la prière de Barisen, roi de Sardaigne, Didier envoya des moines fonder six abbayes dans l'île. Il faut dire que cette sainte maison, auxiliaire si constante et si utile de la papauté, savait défendre ses droits et sa liberté électorale, même contre la papauté, lorsque celle-ci menaçait d'y porter atteinte ; c'est ce qui eut lieu lorsque Victor II voulut réformer l'élection de l'abbé Pierre, en 1056. Leo, Chron. Cass., l. II, c. 95.
[409-1]. Quod monasticæ normæ constat esse principale gymnasium…. non studio hominum, sed Dei imperio, a sanctissimo patre Benedicto constructum. Bulle du 10 octobre 1071. Cette bulle et celle que nous citons dans la note 1 ci-contre, inédites jusqu'en 1842, ont été tirées des archives du Mont-Cassin, et publiées par Dom Luigi Tosti dans son histoire de cette abbaye. Elles portent l'une et l'autre la signature de Hildebrand, ainsi conçue : Ego Hildebrandus qualis cumque Rom. Ecclesiœ archidiac., SS. Le fac-similé de cette auguste signature, ainsi que de celles de S. Pierre Damien et de l'abbé Didier, a été donné par Dom Tosti, t. I, p. 410.
[410-1]. Gislebert, Vita S. Lanfranc, éd. d'Acher., c. 11.
[410-2]. Lambert, ad. ann. 1069. — Pierre mourut en 1072 à Faënza, persévérant jusqu'à la fin dans l'exercice des austérités les plus extraordinaires, après avoir réconcilié les habitants de Ravenne avec le Saint-Siège.
[411-1]. Lambert, ad ann. 1072-1075, et passim.
[411-2]. Lambert, ad ann. 1075, ap. Pertz, V, p. 193.
[412-1]. Un témoignage non suspect, celui de Thierry, évêque de Verdun, l'un des fauteurs les plus acharnés du schisme impérialiste, nous apprend que Hildebrand avait été déjà plusieurs fois appelé à la papauté, mais qu'il s'y était dérobé par la fuite : Decentibus patribus sæpe electum et accitum, semper quidem animi, aliquando etiam corporis fuga dignitatis locum declinasse. Thesaur. Anecdot., t. I, p. 218. On verra encore, plus loin, un extrait très curieux de l'importante lettre de Thierry.
[413-1] Hugues, surnommé le Blanc, Candidus ou Blancus, personnage fort équivoque. Il faut remarquer que Grégoire le destitua de sa charge quelque temps après, propter ineptiam et ejus mores inconditos. Lamp. Schafnab., ann. 1074, ap. Pertz, V. 242. Voir de curieux détails sur lui dans Bonizo, Lib. ad amic., p. 807, 809, 810.
[413-2]. Bonizo, Lib. ad amic, 811.
[413-3]. In Lateranensi ecclesia… dum Hildebrandus archidiaconus esset in ejus exsequiis occupatus, repente factus est in ipsa ecclesia maximus cleri et populi Romani concursus clamantium et dicentium…. Nimis expavit, et quasi extra se raptus cucurrit ad pulpitum, cupiens populum ipsum sedare…. Sed Hugo candidus cardinalis, ubi omnium vota in archidiaconum convenisse indubitanter cognovit, citius præcucurrit… nos Episcopi cardinales unanimiter ipsum… eligimus… Et continuo universitate populi et cleri acclamante, dominum Gregorium papam S. Petrus elegit ; indutus rubea chlamyde et papali mitra insignitus, invitus et mœrens in B. Petri cathedra fuit intronizatus. Acta Vaticana, ap. Baron., Ann., an. 1073, et Gretser, t. VI, p. 13. Concursus clericorum virorum ac mulierum clamantium : Hildebrandus episcopus. Bonizo. — Dum sanctissimus Gregorius…. voto communi clericorum et laicorum diu renitens esset electus. Vita S. Anselmi Lucens., c. 2, in Act. SS. O. B., t. IX. Selon une autre version, Grégoire se cacha pendant quelques jours près de l'église de Saint-Pierre aux Liens : sed tandem vix inventus ad apostolicam sedem vi perductus… ordinatur. Berthold., Constans. Chron. ann. 1073, ap. Usserman, t. II, p. 17. Id culminis captus atque coactus cum magno ejulatu ostendit. Epist. Bernaldi ad Bernardum, ap. Usserm., t. II, p. 417, et Gretser, t. VI, p. 87. Cf. Paul Bernried, c. 27, et les lettres de Grégoire lui-même, 1. I, ep. 1, 3, 4, 8, 9. Le récit officiel donné par Baronius, d'après les Acta Vaticana, place le lieu de l'élection à Saint-Jean de Latran, tandis que le décret d'élection rendu par les cardinaux, et également publié par Baronius, le met à Saint-Pierre ad Vincula : il est possible que le sacré collège se soit réuni dans cette dernière église pour délibérer, avant même que le mouvement populaire se soit déclaré à Saint-Jean de Latran, où devaient naturellement se célébrer les funérailles. Bonizon, contemporain, dit du reste expressément que l'élection eut lieu à Saint-Jean de Latran, et que Grégoire fut entraîné et intronisé à Saint-Pierre aux Liens.
[414-1]. Regest. S. Gregor. VII, Ep. I, 1.
[415-1]. Lamb., ann. 1075.
[415-2]. Bonizo, p. 811. — Ne assensum præberet attentius exoravit quod si non faceret, certum sibi esset, quod graviores et manifestos ipsius excessus impunitos nullatenus toleraret. Card. Aragon., ap. Muratori, Script., t. III, l. I, p. 504. Cette lettre ne se trouve pas dans le recueil des épitres du pape ; mais l'autorité de Bonizon, pour les faits contemporains et italiens, est incontestable ( voy. Stentzel, t. II, p. 72 ). Il est d'ailleurs certain que Grégoire différa sa consécration pendant deux mois, puisqu'il intitule toutes ses lettres, depuis le 21 avril jusqu'au 28 juin : Gregorius in Romanum Pontificem electus ; et que celles, du 30 juin seulement portent : Gregorius episcopus, servus servorum Dei. Bonizo dit expressément qu'il fut ordonné prêtre la vigile de la Pentecôte, et sacré le jour de saint Pierre 1075.
[415-3]. Voir dans Lambert d'Aschaffenburg le récit de l'ambassade du comte Eberard de Hellenburg a Rome.
Idem sacra
Et Latina refert via,
Illud et Capitolii
Culmen eximium, Thronus
Pollens imperii, docet.
Omne judicio tuo
Jus favet…
Cordis eximius vigor
Vita nobilis, optimas.
Res secuta, probant quidem
Juris ingenium, modo
Cujus artibus tueris.
Eas timet
Seva barbaries adhuc
Clara stemmate regio.
His et archiapostoli
Fervido gladio Petri
Frange robur et impetus
Illius, vetus ut jugum
Usque sentiat ultimum
Maxima nece miiitum,
Voce tu modica facis.
Roma quod Scipionibus
Ceterisque Quiritibus.
Debuit mage quam tibi ?…
Tu quidem…
…manet…
Quanto vis anathematis !
Quicquid et Marius prius
Quodque Julius gerant
Gloriose perenniter
Vita, viribus ut tuis
Compareris Apostolis.
[418-2]. Le texte entier de ce poème en vers iambiques, dont nous ne sommes pas sûr d'avoir toujours saisi le sens, a été publié par Baronius ( Annal., an. 1061 ), et par Ughelli, dans les Anecdota, au tome X de l'Italia sacra. Une nouvelle version en a été donnée par Greselrecht dans son opuscule latin De litterarum studio apud Italos, p. 46.
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A écouter!
Par Bernard Coudurier
Organiste à Saint-Bruno les Chartreux

Réalisé par deux éminents facteurs d’orgues, Jean-Marie Tricoteaux et Bernard Aubertin, l’orgue de l’église St Vincent est résolument le plus bel orgue d’esthétique nord-allemande de Lyon et de sa région.
L’harmoniste Jean-Marie Tricoteaux s’est fixé le but de lui donner le style sonore d’un instrument d’Allemagne du Nord des années 1700.
Bernard Coudurier, organiste à Saint-Bruno, a choisi pour l'enregistrement de cet orgue aux magnifiques couleurs sonores, un type de programme en adéquation avec son esthétique.
Cet enregistrement est disponible sur You tube, Spotify, Deezer, etc, en cliquant sur le nom de Bernard Coudurier et orgue Saint-Vincent.
Avant d'être le musicien, le créateur, le compositeur universel, intemporel que nous connaissons tous… il était une fois un petit garçon, Jean-Sébastien,
Johann Sebastian en allemand, que nous pouvons imaginer, vivant dans la quiétude de la maison familiale, à Eisenach, au coeur de la forêt de Thuringe. Brutalement, à l’âge de neuf ans, il perd subitement sa mère. Et à l'âge de dix ans, son père. Orphelin à un âge réclamant toute la tendresse de ses parents, la dureté impitoyable de la vie force la porte familiale. Cette déchirure affective le suivra toute sa vie et marquera une partie de ses oeuvres. Son indéfectible foi dans le dogme luthérien, une intelligence supérieure et une insatiable curiosité seront les moteurs de son oeuvre.
En mai 1720, Bach entreprend un voyage professionnel à Karlsbad. A son retour à Coethen, en juillet 1720, il découvre brutalement que sa chère épouse Maria-Barbara est morte et enterrée, laissant quatre enfants désemparés.
Il faut connaître cet épisode dramatique de sa vie pour écouter sa Fantaisie et fugue en sol mineur BWV542 ici enregistrée, l’une des oeuvres les plus grandioses de sa production. La fantaisie est un vrai cri de détresse, "clameurs désespérées, sanglots de détresse dans des abimes de souffrance solitaire ” ( Gilles Cantagrel ) , alternés par des passages plein de tendresse …
La fugue qui suivra apparait comme un cheminement implacable, celui d’une homme meurtri mais résolu à surmonter l’adversité, reflet de sa foi indéfectible. Elle apparait comme un flot d’énergie vitale. Son sujet est une chanson populaire hollandaise. A une époque où profane et sacré n’ont pas de frontière, la foi en la vie, en son Dieu s’exprime ici avec véhémence.
Bach signera ”In soli Deo gloria".
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Les madones de Lyon
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