Horaires du 9 au 15 mars.
Horaires du 23 février au 9 mars 2025.
Du jeûne et de la prière.
saint Bernard.
Fruit et règle du jeûne.
1. Puisque l'époque du jeûne quadragésimal, que j'engage vos charités à pratiquer avec dévotion, est arrivée, je crois bon de vous exposer comment il faut jeûner, et les fruits qu'on doit retirer du jeûne. En premier lieu, en nous privant de l'usage des choses même permises nous méritons le pardon des choses défendues que nous avons faites auparavant. Or, qu'est-ce à dire, nous obtenons le pardon du mal que nous avons fait, sinon que, par un jeûne de courte durée, nous rachetons des jeûnes éternels ? En effet, nous avons mérité l'enfer, or, il n'y a là ni aliment, ni consolation, ni fin. Le mauvais riche y demande une goutte d'eau, et ne peut l'obtenir ( Luc. XVI, 94 ). Il est donc une chose bonne et salutaire que le jeûne, puisque par là on se rachète de jeûnes et de supplices éternels, en même temps qu'on se purifie de ses péchés. Non seulement le jeûne efface nos péchés, mais il déracine nos vices, non seulement il nous fait obtenir notre pardon, mais il nous fait acquérir des grâces ; non seulement, dis-je, il nous purifie de nos péchés passés, mais encore il éloigne ceux que nous pourrions commettre encore.
Union du jeûne et de la prière.
2. Je vais plus loin, et j'avance une chose que vous avez bien souvent éprouvée vous-mêmes, si je ne me trompe ; c'est que le jeûne nous fait prier avec plus de piété et de confiance. Aussi, voyez comme le jeûne et la prière vont bien ensemble, c'est, pour parler avec l'Écriture, « Comme deux frères dont l'un vient en aide à l'autre et qui se consolent mutuellement ( Prov. XVIII, 19 ). » La prière obtient la force de jeûner, et le jeûne mérite la grâce de prier. Le jeûne fortifie la prière, et la prière sanctifie le jeûne, en même temps qu'elle l'offre à Dieu.
La prière et la justice sont les deux ailes du jeûne.
À quoi nous servirait, en effet, notre jeûne, s'il restait sur la terre ? Dieu nous préserve qu'il en soit ainsi ! qu'il s'élève donc de terre sur l'aile de la prière. Mais ce n'est point assez d'une aile, il faut lui en donner une seconde. L'Écriture a dit : « La prière du juste pénètre les cieux ( Eccl. XXXV, 20 ). » Que notre jeûne, s'il veut s'élever sans peine vers les cieux, s'appuie sur les deux ailes de la prière et de la justice. Or, qu'est-ce que la justice, sinon une vertu qui consiste à rendre à chacun ce qui lui appartient. Cessez donc de ne faire attention qu'à Dieu. Vous avez des devoirs à remplir envers vos supérieurs et envers vos frères, et Dieu ne veut pas que vous ne teniez que peu de compte de ceux qu'il estime beaucoup lui-même. Ce n'est pas sans raison que l'Apôtre a dit : « Ayez soin de faire le bien, non seulement devant Dieu, mais aussi devant les hommes ( Rom. XII, I, 7. » Peut-être vous diriez-vous j'ai fait assez, si Dieu est content de ce que je fais, qu'ai-je à me mettre en peine de ce que pensent les hommes ? Or, soyez bien certains qu'il ne saurait avoir pour agréable tout ce que vous ferez au scandale de ses enfants, et contre la volonté de celui à qui vous deviez obéir comme à son représentant. Le Prophète a dit : « Ordonnez un jeûne saint, et convoquez une assemblée ( Joël. II, 15 ). » Or, que veulent dire ces mots : convoquez une assemblée ? N'est-ce point : conservez l'union, chérissez la paix, et aimez vos frères. L'orgueilleux Pharisien observait bien le jeûne, il faisait un jeûne saint, il jeûnait même deux fois la semaine, et rendait grâces à Dieu : mais il ne convoquait point d'assemblée, car il disait au contraire : « Je ne suis point Comme je reste des hommes ( Luc. XVIII, 11 ). » Aussi, son jeûne, ne s'appuyant que sur une aile, ne put monter jusqu'aux cieux.
Le jeûne a pour ailes la paix et la pureté.
Pour vous, mes frères, lavez donc vos mains dans le sang du pécheur ; et ayez bien soin que votre jeûne ait ses deux ailes, je veux dire la pureté et la paix, sans quoi nul ne saurait voir Dieu. « Sanctifiez votre jeûne, » si vous voulez que la pureté d'intention et une prière pieuse le portent aux pieds de la majesté de Dieu. « Convoquez une assemblée, » c'est-à-dire qu'il soit favorable à l'union. « Louez Dieu avec le tambour et la flûte ( Psal. CL, 4 ) » c'est-à-dire que la mortification de la chair et la concorde marchent de front.
La prière a trois défauts. Le premier défaut est un excès de crainte.
3. Puisque j'ai dit quelques mots du jeûne et de la justice, il convient que je vous parle un peu aussi de la prière. Or, plus la prière peut être efficace, si elle est faite comme il faut ; plus aussi l'ennemi du salut est habile à en paralyser les effets. En effet, il arrive souvent que l'efficacité de la prière est détruite par la pusillanimité de l'esprit, et par une crainte excessive. C'est ce qui a lieu quand on est tellement préoccupé de sa propre indignité, qu'on ne peut tourner les yeux vers la bonté de Dieu. « En effet, l'abîme appelle l'abîme Psal. XLI, 8 ). » Un abîme de fange appelle un abîme de ténèbres ; mais un abîme de miséricorde appelle un abîme de misère. Le cœur de l'homme est lui-même un abîme, et un abîme insondable. Mais si mon iniquité est grande, votre charité, ô mon Dieu, l'est bien davantage. Aussi, quand, se repliant sur elle-même, mon âme se sent troublée, pour moi je me rappelle la multitude de vos miséricordes, et je respire à ce souvenir, et lorsque je descends au fond de mes impuissances [3-1] je ne veux me rappeler que votre justice.
Le second défaut est un excès de confiance.
4. Mais de même, que c'est un danger pour la prière d'être trop défiante, ainsi en est-ce un non moindre, peut-être même plus grand, d'être trop confiante. Écoutez ce que le Seigneur dit à son Prophète, au sujet de ceux qui prient avec cet excès de confiance. « Criez sans cesse, et faites retentir votre voix comme une trompette ( Is. LVIII, 1 ), etc. » « Comme une trompette, » dit-il, parce que ceux qui prient avec un excès de confiance, doivent être repris avec une grande véhémence. En effet, il n'y a que ceux qui ne se sont point encore trouvés eux-mêmes, qui me cherchent. Ce que je dis là ce n'est point pour ôter aux pécheurs la confiance de la prière, mais je veux qu'ils prient comme un peuple qui a commis l'iniquité, non pas comme un peuple dont toutes les œuvres sont justes. Qu'ils prient pour obtenir le pardon de leurs péchés, avec un cœur contrit et humilié comme ce Publicain qui s'écriait : « Seigneur ayez pitié de moi pauvre pécheur ( Luc. XVIII, 13 ). » Or pour moi, il y a excès de confiance lorsque, avec une conscience où règne encore le péché, où le vice domine, on a de grandes et orgueilleuses pensées de soi et peu d'inquiétude de l'état dangereux de son âme.
Le troisième défaut de la prière est la tiédeur.
Le troisième défaut de la prière est la tiédeur, c'est lorsqu'elle ne procède pas d'une vive affection. La prière trop défiante ne peut pénétrer le ciel, parce qu'une crainte excessive paralyse l'âme, en sorte que sa prière, non seulement ne peut monter aux cieux, mais ne peut même sortir de ses lèvres. La prière tiède monte, mais avec langueur et avec défaillance, parce qu'elle manque de vigueur. Quant à la prière trop confiante, elle ne monte que pour tomber ; elle trouve de la résistance au ciel, non seulement elle n'obtient point grâce, mais même elle offense Dieu ;
Trois conditions pour une bonne prière.
au contraire, une prière pleine de foi, d'humilité et de ferveur ne saurait manquer de pénétrer le ciel, d'où elle ne peut descendre les mains vides.
*
[3-1]. On remarque ici une différence de version entre les éditions et les manuscrits des œuvres de saint Bernard : ainsi, au lieu de « je descends au fond de mes impuissantes, etc., » Horstius a lu : « je descends au fond de tes impuissantes, etc. » Mais le sens de ce passage nous a fait préférer la première leçon qui rapporte ces impuissantes à la faiblesse l'âme.
⁂
La Voie Douloureuse
Deuxième Semaine
Le cortège marchait assez vite, et bientôt il arriva à un pont jeté sur le torrent de Cédron. Lorsqu'ils furent arrivés sur le milieu du pont, ils ne mirent plus de bornes à leurs cruautés : ils poussèrent brutalement Jésus enchaîné, et le jetèrent de toute sa hauteur dans le torrent, lui disant de s'y désaltérer. Sans une assistance divine, cela eût suffi pour le tuer… Il tomba sur les genoux, puis sur le visage, sur les rochers à peine couverts d'un peu d'eau… Je le vis boire de l'eau du Cédron lorsqu'on l'y eût poussé; c'était l'accomplissement d'un passage prophétique des Psaumes, où il est dit : qu'Il boira dans le chemin de l'eau du torrent ( Psaume 109 ). Les archers tenaient toujours Jésus attaché au bout de leurs longues cordes; il le firent remonter sur le bord. Alors ces misérables le poussèrent sur le pont, l'accablant d'injures et de coups. Son vêtement de laine, tout imbibé d'eau, se collait sur ses membres; il pouvait à peine marcher !…
Il n'était pas encore minuit, lorsque je vis Jésus de l'autre côté du Cédron, traîné inhumainement parmi les pierres, les chardons et les épines !… Quand les pieds nus et saignants de Jésus étaient déchirés par les épines, les archers l'insultaient avec ironie… Ils arrivèrent à la porte d'Ophel, où il fut accueilli par les cris douloureux des habitants, que la reconnaissance attachait à Jésus. Ils se jetaient à genoux et criaient : Délivrez-nous cet homme, qui nous a consolés, qui nous a guéris ! Jésus était de nouveau tombé par terre, et il ne paraissait pas pouvoir aller plus loin !… C'était un spectacle déchirant de voir le divin Sauveur pâle, défait, meurtri, sa robe humide et souillée de boue, poussé avec des bâtons comme un pauvre animal qu'on mène au sacrificateur, à travers la foule affligée des habitants d'Ophel, qui le suivaient les yeux pleins de larmes…
Depuis le mont des Oliviers jusqu'à la maison d'Anne, Notre-Seigneur tomba sept fois.
Quelques instants après, la mère de Jésus fut ramenée par les saintes femmes, à travers Ophel. Elle était évanouie et muette de douleur; les pauvres habitants d'Ophel, tout en larmes, se pressaient tellement autour d'elle qu'elle était presque portée par la foule. Ils l'aimaient… c'était la mère de Jésus, de ce Jésus qui les avait consolés et guéris tant de fois !…
Les apôtres errent effrayés dans les vallées qui entourent Jérusalem; ils tremblent quand ils se rencontrent et se demandent des nouvelles à voix basse… Le bruit augmente, l'enfer est déchainé; Satan redouble de rage et sème partout le désordre et la confusion. Tel était l'état des choses lorsque le Seigneur fut conduit devant Anne.
⁂
Ce site est construit et entretenu par la paroisse à partir de Debian Linux et Bootstrap. Il fait l'objet d'une diffusion limitée sans archivage. Les personnes qui souhaiteraient faire enlever leur nom du site sont invitées à adresser un message à la paroisse.