Le père Matteo, notre curé.
Horaires du 8 au 14 juin.
Horaires du 1er au 7 juin 2025.
Saint Augustin, la Cité de Dieu
La confusion des langues.
Mais, quoique l'Écriture rapporte que ces nations furent divisées chacune en leur langue, elle ne laisse pas ensuite de revenir au temps où elles n'avaient toutes qu'un seul langage, et de déclarer comment arriva la différence qui y survint. « Toute la terre, dit-elle, parlait une même langue, lorsque les hommes, s'éloignant de l'Orient, trouvèrent une plaine dans la contrée de Sennaar, où ils s'établirent. Alors ils se dirent l'un à l'autre : Venez, faisons des briques et les cuisons au feu. ils prirent donc des briques au lieu de pierres, et du bitume au lieu de mortier, et dirent : Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet s'élève jusqu'au ciel, et faisons parler de nous avant de nous séparer. Mais le Seigneur descendit pour voir la ville et la tour que les enfants des hommes bâtissaient, et il dit : Voilà un seul peuple et une même langue, et, maintenant qu'ils ont commencé ceci, ils ne s'arrêteront qu'après l'avoir achevé. Venez donc, descendons et confondons leur langue, en sorte qu'ils ne s'entendent plus l'un l'autre. Et le Seigneur les dispersa par toute la terre, et ils cessèrent de travailler à la ville et à la tour. De là vient que ce lieu fut appelé Confusion, parce que ce fut là que Dieu confondit le langage des hommes et qu'il les dispersa ensuite par tout le monde [335-3] ».
Cette ville, qui fut appelée Confusion, c'est Babylone, et l'histoire profane elle-même en célèbre la construction merveilleuse. En effet, Babylone signifie Confusion, et nous voyons par là que le géant Nebroth en fut le fondateur, comme l'Écriture l'avait indiqué auparavant en disant que Babylone était la capitale de son royaume, quoiqu'elle ne fût pas arrivée au point de grandeur où l'orgueil et l'impiété des hommes se flattaient de la porter. Ils prétendaient la faire extraordinairement haute et l'élever jusqu'au ciel, comme parlait l'Écriture, soit qu'ils n'eussent ce dessein que pour une des tours de la ville, soit qu'ils l'étendissent à toutes ; l'Écriture ne parle que d'une, mais c'est peut-être de la même manière qu'elle dit le soldat pour signifier toute une armée, ou la grenouille et la sauterelle pour exprimer cette multitude de grenouilles et de sauterelles qui furent deux des plaies qui affligèrent l'Égypte [335-4].
Mais qu'espéraient entreprendre contre Dieu ces hommes téméraires et présomptueux avec cette masse de pierres, quand ils l'auraient élevée au-dessus de toutes les montagnes et de la plus haute région de l'air ? En quoi peut nuire à Dieu quelque élévation que ce soit de corps ou d'esprit ? Le sûr et véritable chemin pour monter au ciel est l'humilité. Elle élève le cœur en haut, mais au Seigneur, et non pas contre le Seigneur, comme l'Écriture le dit de ce géant, qui était un chasseur contre le Seigneur [335-5]. C'est en effet ainsi qu'il faut traduire, et non : devant le Seigneur, comme ont fait quelques-uns, trompés par l'équivoque du mot grec, qui peut signifier l'un et l'autre [336-1]. La vérité est qu'il est employé au dernier sens dans ce verset du psaume : « Pleurons devant le Seigneur qui nous a faits [336-2] » ; et au premier dans le livre de Job, lorsqu'il est dit : « Vous vous êtes emportés de colère contre le Seigneur [336-3] ». Et que veut dire un chasseur sinon un trompeur, un meurtrier et un assassin des animaux de la terre ? Il élevait donc une tour contre Dieu avec son peuple, ce qui signifie un orgueil impie, et Dieu punit avec justice leur mauvaise intention, quoiqu'elle n'ait pas réussi. Mais de quelle façon la punit-il ? Comme la langue est l'instrument de la domination, c'est en elle que l'orgueil a été puni, tellement que l'homme, qui n'avait pas voulu entendre les commandements de Dieu, n'a point été à son tour entendu des hommes, quand il a voulu leur commander. Ainsi fut dissipée cette conspiration, chacun se séparant de celui qu'il n'entendait pas pour se joindre à celui qu'il entendait ; et les peuples furent divisés selon les langues et dispersés dans toutes les contrées de la terre par la volonté de Dieu, qui se servit pour cela de moyens qui nous sont tout à fait cachés et incompréhensibles.
[335-3] Gen. XI, 1. 9
[335-4] Exod. X, 4 et al.; Ps. LXXVII, 45.
[335-5] Gen. X, 9.
[336-1] Le mot grec εναντιον, remarque saint Augustin, signifie également devant et contre.
[336-2] Ps. XCIV, 6.
[336-3] Job, XV, 13 sec. LXX.
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La tyrannie des passions
Saint Jean Chrysostome.
Ne nous attachons point à ces doctrines, mais au rocher indestructible de la foi. Ni le choc des fleuves ni celui des vents, ne pourront l'endommager ; nous sommes inébranlables sur ce rocher. Ainsi, durant cette vie, si nous avons choisi celui qui est le fondement véritable, nous demeurons debout, sans rien subir d'effrayant. Celui-là ne subira rien de terrible, qui choisit pour richesse, pour renommée, gloire, honneur et jouissance, ceux de l'autre vie ; ils sont assurés contre tout changement ; mais, en ce monde, tout est sujet à s'altérer, à changer, à se transformer. Car que désirez-vous ? la gloire ? « Sa gloire ne le suivra point au tombeau » ( Ps. 48, 18 ), et souvent elle n'est pas même fidèle à l'homme durant sa vie. Il n'en est pas de même de ce qui tient à la vertu ; là tout est permanent. Celui qui tire son illustration de sa charge, devient un homme vulgaire, quand un autre lui a succédé ; il reçoit des ordres à son tour. Le riche, attaqué par des brigands, des délateurs ou des traîtres, devient pauvre tout à coup. Mais il n'en est point ainsi chez nous : si l'homme tempérant veille sur lui-même, nul ne saurait lui enlever sa tempérance ; personne ne fera un simple sujet de celui qui est souverain de lui-même. Apprenez par un examen attentif que cette autorité est supérieure à l'autre. Car à quoi bon, dites-moi, commander à des peuples entiers, et vivre esclave de ses passions ? Quel dommage y a-t-il à ne commander à personne, étant élevé au-dessus de leur tyrannie ? Ici est la liberté, l'autorité, la royauté, la puissance ; là au contraire est la servitude, quand on aurait la tête chargée de diadèmes. Car lorsqu'on domine en soi-même une multitude de despotes, je veux dire l'amour de l'argent, l'amour des plaisirs, la colère et les autres passions, à quoi servirait un diadème ? La tyrannie des passions est la plus grande ; la couronne même ne saurait nous soustraire à leur empire.
Qu'un homme se trouve esclave chez les barbares, et que ceux-ci, pour mieux constater leur force, lui laissent la pourpre et le diadème, mais lui commandent de porter de l'eau avec eux, de préparer le repas et de remplir toutes les autres fonctions de la servitude, pour s'en faire plus d'honneur et lui infliger plus de honte ; le sort de cet homme sera moins barbare que n'est chez nous le joug imposé par nos passions. Celui qui les méprise se rira aussi des barbares ; mais celui qui se soumet à elles, subira une condition bien plus terrible que ne la lui feraient les barbares. Le barbare, quelle que soit sa force, ne sévira que contre les corps ; mais les passions torturent l'âme et la déchirent de toutes parts. Quelle que soit la force du barbare, il ne peut donner que la mort temporelle, mais les passions donnent la mort éternelle. En sorte que celui-là seul est libre qui est libre dans son âme, et celui-là est esclave qui se soumet à des passions insensées. Quelque inhumain que soit un maître, il ne commandera jamais si durement et si cruellement que les passions. Déshonore ton âme, disent-elles, sans raison ni motif ; offense Dieu, méconnais la nature elle-même ; qu'il s'agisse d'un père ou d'une mère, n'aie point de pudeur, foule-les aux pieds. Tels sont les ordres de l'avarice. Sacrifie-moi, dit-elle, non des veaux, mais des hommes. « Immolez-moi des hommes, car les veaux manquent » ( Os. 13, 2 ). Ce n'est pas là ce qu'elle dit, mais bien : Quoiqu'il y ait des veaux, sacrifie des hommes et des hommes innocents. Fût-ce ton bienfaiteur, fais-le périr. Sois hostile à chacun, montre-toi l'ennemi commun de tous, de la nature elle-même et de Dieu ; amasse l'or, non pour en jouir, mais pour le garder et pour accroître les tourments. Car il n'est pas possible d'être avare et de jouir de sa fortune ; l'avare craint toujours que son or ne diminue, que ses trésors ne deviennent vides. Fuis le sommeil, dit l'avarice, étend tes soupçons à tous, amis et serviteurs ; retiens le bien d'autrui ; tu vois un pauvre mourant de faim, ne lui fais pas l'aumône, mais, s'il est possible, dépouille-le de sa peau. Parjure, ments, jure, accuse, fais-toi délateur ; ne te refuse ni à marcher dans le feu, ni à t'exposer à mille morts, ni à mourir de faim, ni à lutter contre la maladie.
Ne sont-ce pas là les lois que prescrit l'avarice ? Sois effronté et impudent, sans vergogne et audacieux, coquin et malfaiteur ; ni reconnaissance, ni sensibilité, ni amitié ; sois sans foi, sans cœur, parricide, une bête féroce plutôt qu'un homme. Dépasse le serpent en méchanceté, le loup en rapacité, sois plus farouche que ces animaux ; ne refuse point, s'il le faut, d'imiter la perversité du démon, méconnais ton bienfaiteur. N'est-ce pas là ce qu'elle dit et ce qu'on écoute ? Dieu dit au contraire : Sois ami de tous, doux, aimé de tous, n'offense personne sans nécessité, honore ton père, honore ta mère, jouis d'une réputation pure, ne sois pas un homme, mais un ange ; ne prononce ni une parole impudente, ni un mensonge, bannis-les même de ta pensée ; porte secours aux indigents, ne crois pas nécessaire d'avoir des richesses au prix de la rapine, ne sois ni injuste ni effronté ; mais personne ne l'écoute. Les peines de l'enfer ne sont-elles pas bien méritées ainsi que le feu, et le ver qui ne meurt pas ? Jusques à quand courrons-nous au précipice ? jusques à quand marcherons-nous sur des épines, jusques à quand nous percerons-nous de clous et saurons-nous gré de ces maux ? Nous sommes soumis à de cruels tyrans, et nous refusons un bon maître qui n'a point un langage odieux, qui n'est ni fâcheux ni barbare, dont le service n'est pas infructueux, mais qui nous procure des avantages immenses, les biens les plus précieux. Levons-nous donc et convertissons-nous, préparons-nous à bien vivre, aimons Dieu comme nous le devons, afin d'être jugés dignes des biens promis à ceux qui l'aiment, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec qui soient au Père et au Saint-Esprit, gloire, puissance, honneur, maintenant et toujours, et aux siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Traduit par M. Félix Robiou.
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Concert à Saint-Georges
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